Une formation pour redonner au vitrail ses lettres de noblesse

CULTURE. Une dizaine d’artistes québécoises ont participé à une formation sur le vitrail et la dalle de verre à l’église St-Georges à Granby, du 9 au 13 octobre dernier. Cette formation, dispensée par deux expertes reconnues dans ce domaine, avait notamment pour objectif de redonner ses lettres de noblesse à ce médium, délaissé depuis quelques années au Québec.

C’est en 2015 que l’artiste granbyenne Nathalie Durand a entamé un parcours sur les Chemins de Compostelle, en France, portant déjà en elle la passion du vitrail conventionnel. Son cheminement l’a menée à Chartres, la capitale du vitrail, où se trouve également le Centre international du vitrail. C’est là qu’elle a croisé le chemin de la maître-verrier Clotilde Gontel et de la mosaïste-verrière Sylvie Rebiffé, deux formatrices qui allaient jouer un rôle crucial dans le renouveau de la dalle de verre. « Ç’a pris huit ans pour qu’on se retrouve toutes ensemble. On était toutes seules à faire du vitrail ou de la dalle de pierre dans notre coin, on ne trouvait même pas les matériaux et c’était également difficile de trouver les gens pour nous enseigner. C’est comme ça qu’on a formé notre groupe », a mentionné Nathalie Durand.

En quête de formateurs au Québec, le groupe de femmes s’est heurté à la rareté des experts dans le domaine. « Il y a des personnes compétentes en vitrail et en dalle de verre, mais la plupart ont plus de 80 ans et ont pris leur retraite il y a des années. C’est ainsi que nous nous sommes tournées vers la France », a expliqué Mme. Durand.

Trouver des dalles de verre et des matières premières s’est également révélé être un défi. Le groupe fait venir ces matériaux de France ou des États-Unis, avec des coûts avoisinant les 100 $ par dalle, en plus d’autres frais. Malgré cela, l’objectif du groupe est clair: redonner ses lettres de noblesse à la dalle de verre au Québec. « Ce que j’aime dans ce médium, c’est la façon dont la lumière est diffractée. C’est intéressant à manipuler et à travailler. De plus, les outils sont particuliers dans ce domaine, ce sont de gros outils et c’est hyper physique comme travail. On n’est pas dans la couture et la dentelle », a indiqué Mme Durand.

La technique du vitrail avec la dalle de verre a connu son apogée au Québec entre les années 30 et 60, elle a été notamment intégrée dans des infrastructures telles que les cégeps, les stations de métro, etc. Cependant, elle a ensuite été délaissée pour de nombreuses raisons, comme les hivers rigoureux et les difficultés techniques, qui ont certainement joué un rôle dans cette désuétude.

Durant leur formation, les artistes québécoises taillent en éclats les dalles colorées et les lissent pour faciliter l’infiltration de la lumière à l’intérieur. Les éclats sont ensuite emboîtés dans le ciment ou la résine, créant ainsi des œuvres d’art originales. « La dalle de verre est un matériau unique. Il est fabriqué la plupart du temps de façon artisanale, et c’est un matériau qui a des possibilités et un rendu fabuleux. On peut le sculpter dans son épaisseur et il a la faculté de renvoyer la lumière, il n’y a que la dalle de verre qui a ces propriétés (…). On veut participer à promouvoir cet art, si la dalle de verre disparaît, c’est tout un patrimoine culturel, industriel et artisanal qui va disparaître », a expliqué Sylvie Rebiffé.

Une exposition est par ailleurs prévue au Musée de l’ardoise à Richmond en 2024. Le groupe espère également collaborer avec Boréart pour présenter une autre exposition.