William S. Messier revient à l’origine des fondamentaux

LITTÉRATURE. Dans Le basketball et ses fondamentaux, William S. Messier puise dans ses souvenirs de préadolescence granbyenne. Ballon-panier, premières brosses, musique hip-hop, tout ça autour de personnages éclectiques qui cherchent à trouver leur place.

Retour en arrière / backcourt violation: Lorsque le ballon ou le joueur en possession du ballon est en zone offensive et revient en zone défensive. Action permise seulement lors d’une remise en jeu au centre du terrain. C’est comme la fois où j’ai emmené l’ostique de William S. Messier dans son ancienne école secondaire… (Voir le personnage de Dave Langevin.) On s’est installé dans la classe de Géographie-Histoire-Société de son vieux coach de basket Gino Ottavi.

«Ça doit faire au moins 15 ans que je n’ai pas mis les pieds ici», fait-il remarquer.

En entrant dans la classe, William s’installe derrière un pupitre d’élève et Gino lance deux photos sur la table devant lui. En fait, une photo et un dessin… «Ça te rappelle des souvenirs?» C’est sa photo d’équipe de secondaire I. Le dessin, une caricature de la photo d’équipe réalisée à l’époque par le jeune William…

C’est l’ambiance de prépubère dans laquelle baigne une partie du recueil de nouvelles Le Basketball et ses fondamentaux publié récemment. Ses «fondamentaux», c’est justement Gino qui les lui a appris (en partie).

«C’était une grosse équipe dans ces années-là. Je peux me vanter d’avoir eu deux joueurs qui ont atteint le niveau universitaire, mais je peux aussi me vanter d’avoir eu des élèves qui sont devenus des artistes et j’en suis aussi fier», mentionne l’enseignant aussi passionné de géopolitique que de ballon.

Dans le recueil, les passages sur le basketball réfèrent notamment aux Griffons de l’école secondaire Sacré-Cœur (comme on l’appelait jadis). Un clin d’œil au passé académique de l’auteur, mais aussi un peu de hasard.

«Nommer les choses, ça peut être vraiment le fun ou vraiment chiant!», admet William. Il tergiverse souvent entre l’idée de nommer de véritables lieux ou trouver des appellations fictives. C’est surtout le cas des personnages qui s’inspirent légèrement de certains anciens camarades de classe.

«Pour Dave Langevin, j’ai quelqu’un en tête. Pour les autres, c’est un peu plus flou.»

Trouvé dans une bouquinerie

Le fameux manuel des fondamentaux existe bel et bien. Une précieuse trouvaille dénichée dans une bouquinerie qui a inspiré les histoires du recueil. «C’est un vrai livre qui date des années ’80. Un genre de manuel du basketball pour les enseignants d’éducation physique.»

Tout au long du recueil, l’auteur utilise les mouvements du basketball pour imager les réflexions personnelles de son personnage central. Une façon d’instrumentaliser le sport, tout en gardant le propos à la portée de tous.

«Mon souhait était d’aller au-delà du basket avec des histoires qui peuvent intéresser tout le monde, même si on ne connaît rien au sport. Le basket arrive à un moment donné dans les histoires, mais ce n’est pas uniquement ça.

Si ça peut amener les jeunes qui ne lisent pas tant mieux! La littérature, c’est censé être le fun et c’est ça le but.»

Les histoires racontent d’abord et avant tout une époque, une génération de la fin des années ’90 dans les banlieues et régions québécoises. «Ça raconte une expérience de vie au Québec qu’on ne voit pas. Cette vie-là, à Granby en plus, elle n’est pas beaucoup mise en scène dans la culture. Dans les années ’90, c’était gros le basketball.»

Malgré la dévotion qu’il éprouvait pour son sport, William n’est pas tellement nostalgique de cette période de sa jeunesse. Il en conserve même quelques légers regrets.

«Je regrette d’avoir été beaucoup trop intéressé par le basket. L’art dramatique, j’aimais ça, mais je n’ai pas pu continuer. Ensuite, j’ai été obsédé par le hip-hop… j’aurais aimé être plus relax, plus ouvert à découvrir autre chose», observe-t-il.

Le basketball et ses fondamentaux, publié aux éditions Le Quartanier, est le deuxième recueil de nouvelles et le quatrième bouquin signé William S. Messier.

Ugo