Le prolongement de la rue Arthur-Danis suscite la grogne

MUNICIPAL.  La protection des milieux naturels n’est pas synonyme d’accalmie à Granby depuis un certain temps. Après le dossier du boisé Quévillon, voilà que le prolongement de la rue Arthur-Danis en zone industrielle crée des vagues et des remous au conseil municipal.

Adoptée à la séance du 3 mai dernier, l’extension de la rue Arthur-Danis jusqu’à la rue Bousquet pour des fins de développement industriel est revenue sur la sellette lors de la deuxième période de questions. Jugeant que la zone à développer se trouve dans un secteur écologique sensible, deux citoyens, Stéphane Pollender et Patrick Parent, ont dénoncé les visées de la Ville dans ce dossier.

«C’est un magnifique boisé situé dans le périmètre urbain, comment expliquer que le conseil adopte ce projet avec un vote divisé (8 contre 2) alors que les travaux de coupe d’arbres sont débutés?», a demandé Patrick Parent.

Bombardé de questions sur la politique de conservation des milieux naturels, le maire Pascal Bonin n’a pas mis de temps à teinter les échanges.

«À force d’en mettre épais sur la toast, la toast tombe à terre», a illustré le maire pour expliquer l’acharnement de certains citoyens dans le dossier de la préservation des milieux naturels. «Les villes se battent pour avoir des industries et nous, on réussit et on a du succès (…). Un moment donné, il faut que les humains travaillent et gagnent des sous», a rajouté l’élu.

Plus tôt en séance, huit élus avaient voté favorablement au prolongement de la rue Arthur-Danis. Seuls les conseillers Julie Bourdon et Jean-Luc Nappert ne se sont pas ralliés à cet investissement de 950 000 $ pour la desserte de trois terrains industriels.

«Dans le cadre des discussions sur les milieux naturels, à la fin mars, j’avais demandé à savoir si la rue Arthur-Danis allait déboucher sur Bousquet après avoir été interpellée par des citoyens. On m’avait répondu non et là, on nous arrive avec ça un mois plus tard (…). Je n’ai rien contre le développement industriel, mais on a d’autres lots qui sont disponibles dans le parc industriel et en plus, on vient d’acquérir 3 millions de pieds carrés à développer», a commenté la conseillère Julie Bourdon en entrevue avec GranbyExpress.

 

Milieux naturels: tiraillement

Plus tard en soirée, on a eu droit à une autre intrigue autour de la politique de conservation des milieux et du boisé Quévillon. Opposés à la nouvelle législation, les conseillers Bourdon et Nappert ont signifié encore une fois leur désaccord lors du dépôt des consultations écrites sur les plans d’aménagement d’ensemble (PAE).

«Depuis 2015, la Ville a en main les études qui démontrent que c’est un lieu d’importance (boisé Quévillon). Le conseil en a pris acte il y a environ dix jours. Depuis les six dernières années, on n’a pas cru bon de protéger les lieux et là, on se dit qu’il faut aller rapidement pour protéger 50 % de ces lieux-là. Je ne suis pas contre l’ensemble des développements des PAE, mais je pense qu’on doit regarder comment on veut développer notre territoire à long terme, correctement et pas sur le coin d’une table», a exprimé la conseillère.

De son côté, Jean-Luc Nappert s’est dit désappointé de la position du conseil sur la façon de livrer la politique de conservation des milieux naturels à la population.

«Il aurait été important que la Ville fasse le choix de débattre et de soumettre la politique à la population avant de l’adopter. Mais ce n’est pas le cas.»

Le conseiller du district 2 va même plus loin en suggérant à la Ville d’acquérir les 60 hectares du boisé Quévillon. «Lorsqu’on abat 50 % d’une forêt aussi belle, c’est perdu à tout jamais. Reboiser, c’est bien, mais quand on détruit une biosphère, on ne l’aura plus», a-t-il exprimé.

Responsable du dossier environnement, la conseillère Catherine Baudin a d’autre part fait savoir que la Ville se devait de bouger. «Je sais que le boisé Quévillon est très important et que ça fait 20 ans qu’on en parle. Et ça fait 20 ans qui ne se fait rien. À un moment donné, il faut lancer la machine et on a pris une décision.»