Entre vigilance et sensibilisation

SOCIÉTÉ. Claude Plante, brigadier depuis quatre ans à Granby, est bien plus qu’un simple régulateur de la circulation. À l’intersection Mont-Royal-Saint-Hubert, devant l’école primaire Joseph-Poitevin, il veille à la sécurité des enfants avec une vigilance inébranlable et n’hésite pas à sensibiliser les conducteurs et les parents, qui adoptent parfois des gestes dangereux. Le non-respect des limites de vitesse, des passages pour piétons et de la signalisation routière se révèle être un comportement délictueux courant qui menace la sécurité des jeunes. Depuis le 1er septembre, ce sont 293 constats d’infraction liés à la vitesse qui ont été remis dans des zones scolaires (en date du 30 octobre).

Pour Claude Plante, chaque intersection s’accompagne de ses défis. Celle du coin Mont-Royal-Saint-Hubert, dans laquelle le retraité officie cinq jours par semaine, vient également avec son lot d’actions, malgré son emplacement loin des grosses artères routières. «Dans mon intersection, la rue Mont-Royal descend à pic. Il faut être vigilant pour surveiller les jeunes qui empruntent cette voie-là. Cette année, dès le premier jour, une jeune élève a failli se faire frapper par un autobus, qui montait la rue et dont le conducteur n’a jamais vu la petite qui traversait de l’autre côté (loin du passage piéton)», raconte-t-il.

M. Plante affirme que cet incident l’a fait réfléchir sur sa manière d’officier, privilégiant aujourd’hui davantage la sensibilisation. «Maintenant, je n’ai pas peur de dire aux parents de traverser à l’endroit approprié. Quand je vois des parents ou des élèves traverser plus bas sur la rue, je me rappelle d’eux, et quand ils reviennent, je leur explique calmement et je leur fais comprendre qu’on a failli perdre une petite fille dans ce coin-là», mentionne le brigadier.

Le brigadier est également conscient des comportements problématiques de certains parents pressés et s’efforce de sensibiliser à la nécessité de suivre les règles pour le bien de tous, malgré le rythme de la vie qui ne fait que s’accélérer, explique M. Plante. «J’en ai un qui était tellement pressé qu’il a fait un demi-tour au milieu de la rue Mont-Royal et il a frappé une voiture dans sa manœuvre (…). Il y en a un autre qui s’arrête souvent au coin de la rue pour débarquer son enfant. Je suis allé le voir et je lui ai expliqué que les débarcadères étaient justement là pour assurer la sécurité de l’enfant et qu’il fallait les utiliser.»

Dans le quotidien du brigadier, un autre comportement exaspérant émerge avec régularité : les parents qui choisissent de stationner leurs véhicules à des endroits clairement interdits, attendant patiemment que leur enfant franchisse les portes de l’école. «Je n’ai rien contre le fait d’attendre que son enfant rentre dans l’établissement, mais ça fait que parfois ça crée un bouchon et on se ramasse avec une file de voitures. Rendu là, j’arrête les enfants et je fais passer les voitures pour désengorger. Le plus important c’est d’être capable de juger les situations et de s’adapter», affirme M. Plante.

Et la vitesse alors ?

Une étude récente du CAA-Québec souligne que sur 425 comportements à risque observés récemment dans neuf écoles de la province, 214 étaient liés à la vitesse, soit 50 %. Ces infractions persistent malgré la signalisation claire indiquant la limite de vitesse de 30 km/h. Le Service de police de Granby, conscient de ces défis, a adopté une approche proactive depuis quelques années, consistant notamment en une présence plus accrue dans les zones scolaires.

À Granby seulement, c’est près de 300 contraventions qui ont été rédigées à la suite d’un excès de vitesse aux abords d’une école depuis le retour en classe. Si ces chiffres ne représentent pas une hausse majeure, ils témoignent néanmoins du travail à faire en matière de sensibilisation. «Au Service de police de Granby, on est très proactifs. On n’a pas toujours été comme ça, mais depuis les dix dernières années, on essaie d’être plus présents. La direction du service avait sondé la population, et c’était l’un des enjeux exprimés », explique Éric -Beaumont, sergent responsable du volet formation des brigadiers au Service de police de Granby.

«Il y a eu beaucoup de médiatisation sur l’ensemble de la province à la suite du décès de la petite -Ukrainienne à -Montréal en décembre dernier. Il y a eu beaucoup de discussions et de réflexions et tout le monde était sensibilisé. Je crois que c’est ce qui a fait que ç’a bougé un peu du côté du ministère des Transports », ajoute le sergent Beaumont.

Pour Éric Beaumont et Claude Plante, le travail de brigadier est en complémentarité avec celui des patrouilleurs. «Quand on donne la formation, c’est la première chose qu’on dit. Ce ne sont peut-être pas des policiers, mais ils font partie de la grande famille. Ce sont nos yeux sur le terrain et au niveau des écoles. Ils peuvent relever des numéros de plaques quand ils remarquent des choses dangereuses ou des conducteurs dangereux, même si on n’a pas constaté l’infraction, on peut faire des rencontres de sensibilisation», conclut M. Beaumont.