L’acte de changement d’Alyson

SOCIÉTÉ. Touchée par la croissance exponentielle de l’itinérance au centre-ville de Granby, Alyson Servant entend l’appel. Au lieu de rester les bras croisés à regarder le train passer, la Granbyenne saute dans le wagon de l’espoir et se donne la mission d’aider des personnes vulnérables. Depuis quelques jours, elle remet des cartes-cadeaux à des hommes et à des femmes de la rue dans l’unique but qu’ils aient un petit quelque chose à se mettre sous la dent.

Étudiante en techniques de travail social au Cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu, Alyson Servant se considère très chanceuse dans la vie. Aux études à temps plein, un travail à temps partiel, un logement, une voiture, un bon réseau d’amis, une future carrière en intervention jeunesse. Mais la jeune femme de 28 ans, qui habite le centre-ville de Granby depuis dix ans, n’est pas dupe. Autour d’elle, des gens au statut précaire et sans domicile fixe sont de plus en plus nombreux à vivoter ici et là.

«L’itinérance a toujours été là, mais depuis cinq ans, je le remarque beaucoup plus. De voir des personnes dormir sous un balcon, ça me dépasse. Tous les jours, elles font partie de mon quotidien. C’est ma réalité», confie-t-elle.

Fatiguée de se sentir impuissante face à cette problématique sociale, la Granbyenne se démène et lance une campagne de sociofinancement sur la plateforme GoFundMe en octobre dernier. Son objectif est d’amasser 1600 $ pour financer l’achat de cartes-cadeaux qu’elle compte distribuer à des personnes dans le besoin. À cela s’ajoute un autre souhait: faire un don à un organisme communautaire qui soutient la cause de l’itinérance.

Objectif atteint

Récipiendaire d’une bourse de 500 $ remise par son cégep, Alyson Servant donne un bon coup de pouce à sa campagne en versant l’entièreté du montant à son projet La solidarité: notre arme contre la précarité. Grâce à une quarantaine de dons, la jeune femme récolte finalement une somme de 1700 $ qui lui permet de remettre ainsi 1000 $ à l’organisme Entr’elles qui vient en aide aux femmes en détresse de la Haute-Yamaska. L’autre portion du montant (700 $) est disposée comme prévu sous forme de cartes-cadeaux de grandes chaînes de restauration.

Chose promise, chose faite. La distribution de la trentaine de cartes-cadeaux dans les alentours du centre-ville de Granby fait clairement des heureux et des heureuses, confirme l’étudiante en techniques de travail social. Une tournée payante sur le plan humain, ajoute-t-elle. Mission réussie pour celle qui avoue avoir le coeur sur la main.

Et signe que l’initiative de la vingtenaire a touché la collectivité, l’une de ses enseignantes lui a fait don de bottes d’hiver, manteaux, couvertures et sacs de couchage. Un legs qui va servir à ceux et celles qui ferment l’oeil dans la rue.

«Pour moi, ce moment, c’est une occasion de partager, d’être égal à égal avec l’autre personne et d’avoir un échange. Ça fait du bien d’échanger avec un humain (…). Je ne fais pas ce projet pour recevoir plein de merci. Je le fais simplement pour permettre à ces gens d’avoir un repas chaud.»