Traitement du cancer: atténuer l’anxiété grâce à la réalité virtuelle

SANTÉ. Parcourir un monde fictif au son d’une musique apaisante grâce à la technologie afin d’oublier les tracas reliés aux traitements de chimiothérapie. La lutte contre le cancer à l’Hôpital de Granby entre dans une nouvelle ère thérapeutique 2.0 avec l’arrivée de la réalité virtuelle au département de cancérologie. Une immersion multisensorielle des plus bénéfiques pour les usagers et les usagères offerte depuis le mois de février.

Lundi matin, 8h30, Francine Tanguay se présente au département d’oncologie de l’hôpital du boulevard Leclerc pour recevoir son traitement habituel. Une prescription nécessaire pour combattre la maladie accompagnée d’une séance de réalité virtuelle. Bien assise dans son fauteuil, la dame enfile son casque de réalité virtuelle pour son voyage immersif et multisensoriel durant une dizaine de minutes. Un nouvel outil thérapeutique qui lui fait oublier la dure épreuve qu’elle vit le temps d’un traitement de trois, quatre heures.

«J’en suis à mon 3e traitement et je l’utilise à chaque fois. Je le conseille à tous les patients parce que ça nous détend et ça aide à réduire l’anxiété, le stress. C’est vraiment formidable», confie Mme Tanguay. 

«Après avoir essayé le casque virtuel la première fois, je me suis dit: je l’amènerais bien à la maison pour calmer certaines personnes», ajoute la dame en riant.

En plus de l’oncologie, le département de néonatalogie et de pédiatrie dispose également d’un casque virtuel depuis septembre dernier. Dans ce cas-ci, il plonge les 5 à 11 ans dans l’univers des jeux vidéo thérapeutiques où ils tentent de faire la vie dure aux microbes notamment. Un outil bien pratique pour détourner l’attention des enfants, entre autres, lorsqu’ils ont peur des aiguilles. 

Pour Nadia Racicot, chef de services cliniques externes spécialisées, endoscopie, médecine de jour et cancérologie à l’Hôpital de Granby, la réalité virtuelle se veut bénéfique pour le moral de ceux et celles qui décident de «porter le casque» lors de leurs traitements.

«J’ai fait un petit sondage maison en demandant aux usagers s’ils avaient une bonne réception (face à la réalité virtuelle) et dans 98 % des cas, c’est vraiment relaxant, apaisant. Ils sont plus détendus. Pour d’autres personnes, il n’y a pas de changement. En général, tout le monde est satisfait.»

Une technologie d’ici

Développée à Granby par la firme Paperplane Therapeutics, cette nouvelle technologie permet aux patients de voyager virtuellement à l’aide d’images et de la musique. Visite d’une forêt, balade sur une plage paradisiaque, chants d’oiseaux, clapotis de la mer. Dès la mise en place du casque virtuel, l’usager part vers une destination imaginaire alors qu’au même instant un membre du personnel médical s’affaire, entre autres, à installer un dispositif médical en vue d’un traitement de chimiothérapie.

«La licence vient avec tout le matériel (casque, tablette) et un appareil d’Internet mobile qui permet de ne pas être dépendant du réseau de l’hôpital. Ça facilite grandement le déploiement puisque c’est une solution autoportante. Dès que le personnel ouvre l’appareil, c’est déjà automatiquement connecté. Il y a seulement un bouton à appuyer pour démarrer l’expérience», mentionne Jean-Simon Fortin, président-directeur général et cofondateur de Paperplane Therapeutics.

Pour en arriver au produit fini, l’ex-urgentologue à l’Hôpital de Granby et ses partenaires ont mis une dizaine d’années de recherches et d’essais cliniques. Une douce technologie qui n’a rien à voir avec l’univers virtuel des jeux vidéo. «Il y a des exercices de respirations profondes qui sont guidés par un senseur qu’on ajoute au casque. Ces exercices aident à réduire l’anxiété et la pression artérielle. Et c’est mesuré parce qu’on doit s’assurer que les gens les font correctement», expose M. Fortin.

Projet financé par la Fondation

Pour s’offrir la réalité virtuelle en oncologie et en pédiatrie, l’hôpital s’est tourné vers la Fondation du Centre hospitalier de Granby (CHG) qui a investi 36 000 $ (coût pour les équipements et la licence valide pour trois ans).  Deux appareils financés grâce au Tour vélo Familiprix Nesrine Leboukh Roulez pour vivre (pédiatrie) et le Grand Choeur de Noël 2023 (cancérologie).

«S’il y a un besoin d’augmenter le nombre d’appareils, c’est certain que nous y serons», indique Suzanne Surette, directrice générale de la Fondation du CHG.

L’Hôpital de Granby devient par ailleurs le premier établissement du CIUSSS de l’Estrie-CHUS à se doter de ces appareils. On en retrouve dans d’autres hôpitaux de la province, dont à Sainte-Justine et à Maisonneuve-Rosemont, mentionne Mme Surette.