Un atelier pour réparer au lieu de jeter

COMMUNAUTÉ. Alors que la tendance est souvent tournée vers la nouveauté et la surconsommation, une lueur d’espoir brille au Cégep de Granby sous la forme du Coin du réparateur. Initiée en 2018, cette entreprise écologique novatrice, inspirée d’un projet similaire à la Polytechnique, offre une alternative durable en invitant la communauté locale à apporter des objets défectueux pour les réparer.

À l’origine menée principalement par le personnel enseignant des programmes techniques de génie mécanique, industriel et électrique du Cégep, l’initiative a rapidement évolué pour impliquer activement les étudiants, notamment dans les processus de réparation. «Avant, c’étaient les professeurs qui s’occupaient davantage de la réparation. Aujourd’hui, on a pris un pas de recul et on a laissé les étudiants accompagner les gens dans les réparations, afin de les impliquer et les sensibiliser davantage, parce que c’était ça l’idée de départ», a expliqué Olivier Touchette, enseignant en Technologies du génie industriel au Cégep de Granby.

Avec le temps, le Coin du réparateur a élargi ses domaines de réparation, couvrant non seulement les aspects techniques, mais aussi textiles et informatiques. Par ailleurs, la Ville de Granby a récemment reconnu cette initiative écologique en lui décernant un prix reconnaissance en environnement en juillet dernier. «Parfois, il y a des gens qui apportent des choses non réparables, ou qui ne valent pas la peine d’être réparées. Alors on tente de les conseiller du mieux qu’on peut, parce qu’on ne fournit pas les pièces, mais seulement l’expertise (…). La difficulté dans notre formule est qu’on offre un atelier une fois par session. Une dame nous est arrivée avec une machine à pain et on a été capable de la réparer en plusieurs éditions, le temps de recevoir la pièce, etc.», a raconté M. Touchette.

Afin de répondre à la demande croissante et aux attentes de la communauté, les instigateurs souhaitent notamment offrir cet atelier sur une base plus régulière. « Ça serait plus rapide pour l’usager. De plus, on offrirait une assistance du même type, mais dans un cadre plus permanent. On espère, avec les projets d’agrandissement au -Cégep, qu’il y aura une niche pour ce projet. Ça nous permettrait de faire un pont avec la communauté et d’instaurer d’autres activités reliées à tout ça », a fait savoir l’enseignant.

Une compétence essentielle

Pour Olivier Touchette, il est essentiel d’apprendre à réparer dans notre contexte actuel, non épargné par la surconsommation et les problèmes économiques. «Lorsqu’on apprend à réparer, on vient allonger la durée de vie de nos objets, ça fait une bonne différence dans la vie de chacun au niveau des coûts. Et par les temps qui courent, c’est bénéfique du point de vue de l’environnement, étant donné que ça réduit l’enfouissement et toutes ces choses-là ».

En ce qui concerne l’obsolescence programmée, M. Touchette explique que le véritable problème réside dans les choix de conception des produits. «Les téléphones sont de plus en plus minces et étanches, alors oui c’est difficile de les ouvrir et de les réparer (…). Il faut avoir des indices de réparabilité pour que les gens et les entreprises puissent réaliser que leurs biens sont plus ou moins réparables, ce serait très utile. On a tendance à améliorer ce qu’on mesure ».

«Il faut revoir la manière dont on fait les choses, il faut étendre la durée de vie des objets. Il y a des éléments qui appartiennent aux gens, qui doivent se prendre en mains, et d’autres éléments appartiennent aux entreprises qui doivent rendre les biens plus durables, et les pièces plus disponibles et à un coût raisonnable», a-t-il ajouté.

Le prochain atelier du -Coin du réparateur se tiendra le 7 novembre au pavillon à l’arrière de l’église Notre-Dame, et accessible via l’entrée 266. Notez que les micro-ondes et les réfrigérateurs ne sont pas acceptés, et les articles apportés doivent être transportables à la main. L’atelier sera ouvert de 10h40 à 14h20.