Un heureux printemps pour Le Passant

PROJET. PROJET. Après avoir réussi à mettre de l’argent de côté, Le Passant se lance dans les grands travaux. La maison d’hébergement pour personnes en difficulté de Granby agrandit en effet ses installations de la rue Horner afin de mieux desservir la clientèle vulnérable à la recherche d’un lit pour passer la nuit. Une amélioration locative chiffrée à 400 000 $.

Alors que les personnes sans domicile fixe sont de plus en plus nombreuses dans les rues de la ville de Granby, Le Passant sort de l’argent de sa poche afin d’augmenter la capacité d’accueil de son immeuble. Dès la fin des travaux, la nouvelle annexe d’un peu plus de 1000 pieds carrés, dotée d’un bloc sanitaire (toilettes, douches, buanderie), disposera de 16 lits destinés aux personnes en situation d’itinérance. L’organisme y déménagera aussi la halte-chaleur mise en place à l’arrivée de la saison froide. Un projet d’agrandissement dans les cartons depuis plusieurs années qui voit finalement le jour au grand plaisir de Steve Bouthillier, directeur général de l’organisme depuis 24 ans.

«On a fait un projet-pilote pour un dortoir de dix lits. Et le projet est concluant. On est complet la plupart du temps. Dans le dernier mois, on a même du refuser des gens», raconte le gestionnaire à la tête de la ressource communautaire. Devant la demande grandissante pour des nuitées d’urgence, le DG et le conseil d’administration de l’organisme se résolvent tout compte fait à allonger le bâtiment.

«Avec notre nouveau dortoir, ce qu’on souhaite, c’est de recréer un lien de confiance avec ces gens qui sont parfois désabusés par rapport au système. On veut garder contact avec eux pour ultimement les amener vers nos autres lits (avec du soutien et de l’encadrement) afin de les aider à se prendre en mains», ajoute M. Bouthillier.

Pour l’heure, Le Passant détient les fonds d’opération pour la moitié des 16 lits. Des discussions avec les instances du -CIUSSS de l’Estrie-CHUS seraient en cours afin d’en arriver à un terrain d’entente pour les autres lits, a-t-on appris en entrevue. «On ne voulait pas faire une bâtisse qui pouvait contenir seulement huit lits pour éviter qu’elle ne réponde plus aux besoins dans cinq ans. On s’est gardé une marge de manoeuvre pour le futur», explique M. Bouthillier.

D’après l’échéancier établi par l’entrepreneur (Construction Idéale, de Granby) et l’organisme communautaire, l’édifice d’un étage doit être livré au plus tard en octobre prochain.

L’itinérance: la situation

Malgré le bon vouloir des intervenants et des entités communautaires qui déploient des initiatives ici et là pour aider ces personnes vulnérables, le combat mené pour tenter de juguler la crise de l’itinérance est loin d’être terminé aux dires de Steve Bouthillier. Selon lui, l’année 2024 ne sera pas jojo.

«Avec la hausse du coût des loyers, un taux d’inoccupation (des logements) qui est très bas à Granby, les personnes à faible revenu ou sur l’aide sociale peuvent difficilement arriver. Moi, je n’appréhende pas l’année 2024 d’un très bon oeil.»

Comme bien des acteurs du milieu communautaire qui suivent de près ou de loin le dossier de l’itinérance, le DG du Passant fonde des espoirs sur le plan d’action municipal qu’entend déposer la Ville de Granby à la suite du forum tenu en novembre dernier.

«Le forum sur l’itinérance, c’est déjà un début. Il faut construire là-dessus. On est dans une période névralgique, ça prend des actions, car il faut continuer à avancer», croit Steve Bouthillier.