Une oasis pour chevaux blessés et âmes abîmées

SOCIÉTÉ. Au Ranch de la deuxième chance, situé sur la rue Bergeron Ouest à Granby, les hennissements des chevaux résonnent comme une mélodie de rédemption. Josée Dufour et Kenya Morrow, les amies passionnées derrière cette entreprise unique, ont créé bien plus qu’un simple refuge pour les chevaux. Elles ont érigé un sanctuaire où les équidés maltraités retrouvent la dignité et où les personnes en quête de réconfort trouvent une oasis thérapeutique.

Pour Josée et Kenya, les chevaux ne sont pas simplement des montures ou des bêtes de somme, mais des êtres sensibles qui méritent amour, respect et compréhension. C’est pourquoi les deux passionnées se sont donné comme mission d’accueillir chaque cheval qui en a besoin avec empathie et soin. Par ailleurs, parmi la vingtaine de chevaux que le ranch possède, une demi-dizaine d’entre eux nécessitent des soins particuliers de la part des deux amies.

«Certains sont des chevaux qu’on voulait acheter pour notre école d’équitation. Mais une fois arrivés chez le vendeur, ce n’était pas les mêmes chevaux que sur les photos et les vidéos, alors on a quand même décidé de les ramasser, on ne pouvait pas les laisser dans un tel état», confie Kenya Morrow, qui suit actuellement un cours en massothérapie équine pour consolider ses acquis.

Massothérapie, tapping, travail en liberté, désensibilisation et réentraînement complet ne sont que -quelques-unes des techniques utilisées pour réhabiliter ces animaux. Mais le Ranch de la deuxième chance ne se limite pas à guérir les plaies visibles ; il s’engage également à soutenir les personnes en difficulté, offrant des séances de thérapie et de sport pour la santé physique, assistée par des animaux bienveillants.

«C’est intéressant parce qu’il y a de beaux parallèles à faire avec des personnes qui ont des problématiques dans la vie. Ça aide de leur montrer tout le chemin que le cheval a parcouru et tous les obstacles qu’il a traversés avant de pouvoir -lui-même aider des personnes. Les gens se sentent interpelés par ça», raconte Josée Dufour, formée en relations humaines (psychosociologie), et qui suit actuellement un cours en zoothérapie au Cégep de Granby.

Refuge et lieu de ressourcement

Des cas comme celui de Roxy, une jument maltraitée et recueillie par le ranch, témoignent de la détermination inflexible de l’équipe à offrir une guérison complète, peu importe le temps que cela prendra. «Roxy est arrivée au mois de juin passé, et elle n’est toujours pas prête physiquement et mentalement à être touchée ou même regardée. Moi et Josée travaillons beaucoup avec elle, donc nous avons développé un certain lien, mais ce n’est pas facile», avoue Mme Morrow.

«Nous avons un autre cheval qui est arrivé très récemment, et lui on est capable de dire que ça va être un long chemin à faire. Il a été grandement négligé, alors on a beaucoup de temps à passer juste pour l’engraisser et lui donner des forces. Après ça, on va penser à marcher et à lui faire de l’exercice.

Mais pour l’instant, toute son énergie est concentrée à manger», continue-t-elle.

Pourtant, le Ranch de la deuxième chance n’est pas seulement un refuge pour les chevaux blessés. C’est aussi un lieu de ressourcement pour ceux qui cherchent à renouer avec la nature et à retrouver leur équilibre intérieur. Des cours d’équitation aux activités de plein air, chacun trouve une source de réconfort et de croissance personnelle au sein de cette communauté bienveillante. «Les chevaux sont très thérapeutiques, intuitifs et sensoriels. Ce sont des animaux qui vont te faire miroiter ce que tu ressens, comparativement à un chien qui va davantage se modeler à ton comportement», précise Mme Dufour.

Pour financer leur noble cause, Josée et Kenya ont diversifié leurs offres de services, proposant des cours d’équitation, des services de tenue de livres, la vente de produits de la ferme et même des camps de jour pour les jeunes. Mais leur ambition ne s’arrête pas là: ils envisagent également d’offrir des cours de secourisme pour les chevaux, afin de former les premiers intervenants à sauver ces magnifiques animaux en cas d’urgence.

«il y a une certaine façon de faire pour sauver des chevaux en cas d’urgence. Par exemple, ici, s’il y a un incendie, nous avons six minutes pour tout évacuer. Donc le but est vraiment de former les secouristes et les premiers répondants à comment mettre des licous, comment les manipuler et comment soigner les blessures, pour aider les vétérinaires notamment», conclut Kenya Morrow.