Logements sociaux : la Ville injecte 5 millions $ pour 90 nouvelles unités

COMMUNAUTÉ. Le conseil municipal de Granby prend les grands moyens afin que de nouveaux logements sociaux voient le jour sur la rue Saint-Jacques. Grâce à un emprunt de cinq millions $ décrété par les élus, un projet de 90 logements totalisant plus de 14 millions $ proposé par l’Office d’habitation de Haute-Yamaska-Rouville se concrétisera au cours des prochains mois.

Une résolution en ce sens a été adoptée lors de la séance régulière de lundi soir afin d’augmenter la contribution de la Ville, auparavant fixée à un million $. Si l’initiative est bien loin d’être nouvelle, elle a été considérablement modifiée en cours de route, puisque  96 unités étaient souhaitées au départ.

Les coûts pour une seule adresse, évalués en 2009 à moins de 100 000 $, ont littéralement explosé pour se fixer à environ 160 000 $ à ce jour. Les plans ont ainsi été modifiés. «Avec 96  logements, on montait dans les 15 ou 16 millions $, parce qu’on avait deux bâtiments d’au moins trois étages avec des ascenseurs et ça, ça augmente les coûts», explique Robert Riel, président de l’office municipal d’habitation (OMH).

Deux bâtiments distincts seront aménagés: le premier, destiné aux personnes seules, comprendra 74 unités tandis que le second, qui accueillera des familles, en proposera 16.  Environ 10 % de l’espace sera réservé à une clientèle vivant avec des problèmes de santé mentale. «Ça va vraiment changer la vie de ces personnes-là», se réjouit le maire de Granby, Pascal Bonin.

Quarante des 90 appartements seront subventionnés via le programme de supplément au loyer (PSL). «Pour ces logements-là, le locataire va payer 25 % de son revenu. Ce sont des revenus, en général, de 22 000 $ et moins qui sont admissibles», résume M. Riel, également conseiller municipal. Pour combler le déficit, Granby contribuera à la hauteur de 10 % au PSL applicable à ces unités, et ce, pour une période de cinq ans.

Rappelons que la Ville s’était engagée, en 2014, à faire don du terrain où seront érigés les futurs immeubles; l’administration municipale a également défrayé les coûts de la démolition des bâtiments qui y étaient érigés. Enfin, elle assumera aussi la facture des permis de construction nécessaires à l’aménagement des futures unités.

«Le besoin justifie les moyens»

Préconisant généralement que les projets mis de l’avant par la Ville soient payés comptant, le maire de Granby, Pascal Bonin, a fait une exception dans ce cas précis, puisqu’il s’agit «d’une affaire de cœur». «Le besoin justifie les moyens. On ne peut pas se permettre de fermer les yeux sur notre problème au niveau des logements sociaux», a-t-il plaidé en mêlée de presse au sortir de la séance du conseil.

Selon lui, «les bottines doivent suivre les babines»: «Ce n’est pas une question d’argent, c’est une question de volonté. On s’était engagés, dans le dernier mandat, à le faire. Pour toutes sortes de raisons, on n’a pas réussi. Là, on se dit qu’il faut y aller […] On n’aura pas de regret sur le deuxième mandat». «J’ai bien avisé le conseil qu’il n’y aura pas un cent de plus qui va se rajouter. C’est bien important», ajoute pour sa part Robert Riel. La part assumée par la Ville pourrait d’ailleurs être réduite si le programme AccèsLogis Québec est bonifié. «Tant qu’on n’a pas commencé la construction, on va pouvoir bénéficier de ce programme-là», avance Pascal Bonin.

Ce dernier espère d’ailleurs que le gouvernement caquiste de François Legault se positionnera concrètement pour que davantage de logements sociaux puissent se réaliser en province.  «Le gouvernement avait donné, en 2018, 2000 nouveaux logements. À cause de l’explosion des coûts, il y en a à peu près 800 qui ont été faits», déplore M. Riel. Le premier magistrat précise d’ailleurs que le dernier projet du genre réalisé en sol granbyen, c’est-à-dire les 26 logements de la rue Le Corbusier, a nécessité huit ans de travail. «Ce n’est pas normal», défend-il.

De réels besoins

Les besoins en matière de logements sociaux se font criants à Granby, où, selon M. Riel, le territoire compte environ cinq logements sociaux par 1000 habitants. Un certain retard en la matière est d’ailleurs constaté par l’élu: «On a des listes d’attente de 300 personnes par année. Je peux vous dire que lorsque ces logements-là vont être construits, elle va encore être de 300. Il y a des gens qui se découragent, les listes sont trop longues». Selon le maire Bonin, certains Granbyens patienteraient d’ailleurs depuis 15 ans pour accéder à un tel logement.

«Waterloo a huit fois plus de logements sociaux par 1000 habitants que nous», ajoute M. Riel. Une autre annonce en matière de logements sociaux devrait être prochainement faite, prévoit-il.

L’étape des plans et devis pour les deux futurs immeubles devrait être sous peu mise en branle. Si tout se déroule tel qu’espéré, la première pelleté de terre pourrait avoir lieu l’automne prochain. Quant aux nouvelles unités, elles pourraient accueillir leurs locataires dès 2020.