La Corée du Nord et la Russie s’opposent aux É.-U. quant au dernier tir de missile

TANZANIA, Tanzanie — La Corée du Nord et la Russie se sont affrontées mardi avec les États-Unis, la Corée du Sud et leurs alliés lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU sur le dernier lancement de missile balistique intercontinental par Pyongyang, qu’il a qualifié de «contre-mesure d’avertissement» aux menaces des États-Unis et d’autres forces hostiles.

L’ambassadeur nord-coréen Kim Song a affirmé qu’il s’agissait de «l’année la plus dangereuse» dans le paysage militaro-sécuritaire de la péninsule coréenne, soulignant l’intensification des exercices militaires entre les États-Unis et la Corée du Sud et le déploiement par les États-Unis de sous-marins à propulsion nucléaire et d’autres moyens nucléaires dans la région, qui ont fait naître un «risque de guerre nucléaire». 

Les États-Unis et neuf alliés ont constaté cette année cinq lancements de missile balistique intercontinental nord-coréens, plus de 25 lancements de missiles balistiques et trois lancements de satellites utilisant la technologie des missiles balistiques, violant ainsi plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et menaçant «la paix et la stabilité de ses voisins et de la communauté internationale».

Dans une déclaration lue juste avant la réunion du conseil par l’ambassadeur adjoint des États-Unis, Robert Wood, entouré de diplomates des autres pays, les dix pays ont condamné le dernier lancement du missile balistique intercontinental le 18 décembre et tous les lancements antérieurs.

Kim Song a exhorté la communauté internationale à réfléchir aux préoccupations de sécurité de la Corée du Nord, qualifiant ses contre-mesures de «réponse absolument raisonnable, normale et réfléchie» dans l’exercice de son droit légitime de légitime défense.

Il a averti les États-Unis et la Corée du Sud que s’ils continuent «leur menace militaire imprudente et irresponsable», les forces armées nord-coréennes «ne resteront jamais les spectateurs et les provocateurs seront tenus entièrement responsables de toutes les conséquences».

La Corée du Nord «continuera également à développer sa puissance stratégique d’un modèle plus avancé pour contenir et contrôler toute menace émanant des États-Unis et de leurs partisans avec des contre-mesures immédiates, écrasantes et décisives», a averti l’ambassadeur Kim.

Le Conseil de sécurité a imposé des sanctions après le premier essai nucléaire de la Corée du Nord en 2006 et les a renforcées au fil des ans dans un total de 10 résolutions visant – jusqu’à présent sans succès – à réduire les fonds et à freiner ses programmes nucléaires et de missiles balistiques.

La dernière résolution sur les sanctions a été adoptée par le Conseil en décembre 2017. La Chine et la Russie ont opposé leur veto à une résolution parrainée par les États-Unis en mai 2022 qui aurait imposé de nouvelles sanctions suite à une série de lancements de missiles balistiques intercontinentaux. Depuis lors, les deux membres du conseil disposant de leur droit de veto ont bloqué toute action du conseil, y compris les déclarations dans les médias.

Les dix pays – Albanie, Équateur, France, Japon, Malte, Corée du Sud, Slovénie, Suisse, Royaume-Uni et États-Unis – ont déclaré que le silence du Conseil de sécurité «envoie un mauvais message à Pyongyang et à tous les pays qui contribuent à la prolifération nucléaire».

Ils ont exhorté la Corée du Nord à abandonner ses programmes nucléaires et de missiles balistiques illégaux, «et à investir plutôt dans l’alimentation de la population nord-coréenne» et à s’engager dans la diplomatie. Ils ont également exhorté tous les membres du Conseil de sécurité à surmonter leur silence prolongé et à maintenir le régime de non-prolifération nucléaire.

L’ambassadrice adjointe de la Russie à l’ONU, Anna Evstigneeva, a qualifié les tentatives de condamnation de Pyongyang d’«approche unilatérale».

Elle a prévenu que la situation dégénère présentement «jusqu’à un point dangereux», soulignant que Pyongyang et Séoul justifient leurs actions hostiles comme de la légitime défense. Elle a accusé les États-Unis de déployer leur énorme machine militaire dans la région, affirmant que cela ressemble «de plus en plus à des préparatifs pour une opération offensive», même si les États-Unis soutiennent qu’ils n’ont aucune intention hostile.

Mme Evstigneeva a déclaré que la Russie appelait à nouveau à un règlement pacifique de toutes les questions sur la péninsule coréenne par des moyens politiques et diplomatiques «sans pression extérieure».

Robert Wood, l’ambassadeur adjoint des États-Unis, a rétorqué que les exercices militaires américains sont défensifs et que c’est la Corée du Nord qui a violé les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU – et non la Corée du Sud, le Japon ou les États-Unis. Il a ajouté que les États-Unis avaient tenté à plusieurs reprises d’avoir un dialogue inconditionnel avec Pyongyang, mais ce dernier a refusé.