Les célébrations de Noël étaient affectées par la crainte d’attaques en Europe

FRANCFORT — Les chrétiens du monde entier s’efforçaient, la veille de Noël, de mettre de côté les inquiétudes ainsi que les peurs d’un monde instable et déchiré par la guerre, alors qu’ils se préparaient à célébrer la naissance de Jésus de Nazareth.

Les croyants en Syrie se sont rassemblés dimanche dans un pays qui souffre toujours des conséquences d’une longue guerre civile et d’un blocus économique étouffant. Malgré les lumières festives et les décorations de Noël qui ornent les maisons et les devantures des magasins dans la capitale, Damas, les événements à Gaza et les combats actuels dans certaines parties du pays ont affecté l’ambiance des Fêtes. 

À Yabroud, une ville au nord de Damas, des fidèles se sont rassemblés dans la cathédrale Saint-Constantin-et-Sainte-Hélène pour écouter des chants de Noël chantés par le Joy Choir de Damas. «Chacun devrait essayer, avec ce que le Seigneur lui a donné, de répandre la joie afin de contribuer à mettre fin à ce chagrin», a déclaré Fadi Homsi, membre de la chorale.

Bethléem, le lieu de naissance biblique de Jésus, habituellement animé, ressemblait à une ville-fantôme dimanche après l’annulation des célébrations du réveillon de Noël en raison de la guerre entre Israël et le Hamas.

L’Europe prospère et majoritairement laïque a célébré cette fête dans des cathédrales historiques et sur des marchés illuminés, avec une tension sous-jacente due à la guerre à Gaza et à celle qui se déroule encore plus près d’elle, en Ukraine. Les salaires qui n’ont pas encore rattrapé l’inflation ont atténué l’ambiance pendant la saison des achats et des restaurants, un peu avant la période des Fêtes.

Les visites touristiques ont été interdites dans la cathédrale emblématique de l’Allemagne à Cologne, et les fidèles du réveillon de Noël ont été soumis à des contrôles de sécurité pour accéder à la messe de minuit dimanche, alors que la police répondait aux indications d’une attaque potentielle. Les responsables ont néanmoins exhorté les gens à ne pas hésiter à célébrer les fêtes en raison de la peur. 

L’évêque auxiliaire Rolf Steinhaeuser a accueilli les personnes assistant aux offices avec un sourire détendu et a exprimé ses remerciements pour les efforts de sécurité de la police, un jour après que la cathédrale a été fouillée avec des chiens renifleurs. Avec plusieurs dizaines de policiers en service à l’extérieur, il a affirmé que c’était «probablement le service religieux le plus sécurisé de toute l’Allemagne».

En Autriche, la police a déclaré qu’elle renforçait également la sécurité autour des églises et des marchés de Noël de Vienne, apparemment en réponse aux mêmes informations concernant une menace. Les autorités n’ont pas donné plus d’informations, mais l’agence de presse dpa a rapporté, sans citer de source, que la menace provenait d’un groupe extrémiste islamique.

L’Ukraine s’apprête à faire de Noël un jour férié pour la première fois, le 25 décembre, après avoir aligné cette date sur celle des pays d’Europe occidentale. Le président Volodymyr Zelensky a signé en juillet une loi qui fait passer la fête du 7 janvier au 25 décembre, date à laquelle elle est célébrée par l’Église orthodoxe russe et par l’une des deux Églises orthodoxes concurrentes de l’Ukraine.

Certaines églises orthodoxes orientales continuent d’utiliser l’ancien calendrier julien, selon lequel Noël tombe 13 jours plus tard.

Une note jointe à la loi indiquait que son objectif était «d’abandonner l’héritage russe» et citait «le désir de tous les Ukrainiens de vivre leur vie avec leurs propres traditions et jours fériés».

«Les nuits précédant Noël sont les plus longues de l’année. Cependant, le jour a déjà commencé à s’allonger et la lumière a commencé à prévaloir. La lumière devient plus forte. Les ténèbres finiront par perdre. Le mal sera vaincu», a affirmé M. Zelensky, dimanche dans un discours vidéo.

Des tensions au Pakistan

Dans la province orientale du Pendjab, au Pakistan, les chrétiens dont les maisons ont été détruites ou endommagées par une foule musulmane en août ont célébré dans la ville de Jaranwala, sur fond de peur. Les chrétiens ont fui leurs maisons pour échapper aux assaillants et sont retournés sur des scènes de destruction.

Ratan Bhatti, un habitant de Jaranwala, a soutenu que Noël ne serait plus comme avant. «Autrefois, chaque maison était éclairée et décorée d’étoiles, a-t-il dit. Les gens vivent toujours dans la peur et le chagrin. Notre plus grande église a été incendiée. Il est difficile d’oublier ce jour-là.»

Ce carnage a été l’une des attaques les plus destructrices contre les chrétiens dans l’histoire du Pakistan et a suscité une condamnation dans tout le pays. Cette minorité, qui compte parmi les plus pauvres du Pakistan, est confrontée à une atmosphère de plus en plus intolérante dans ce pays à majorité musulmane, où les groupes religieux et sectaires radicaux sont devenus plus importants.

Le prêtre local Khalid Mukhtar a déclaré que les habitants de Jaranwala n’étaient pas encore sortis de leur traumatisme. «Nous n’avons pas encore vu l’esprit traditionnel de Noël. Nous essayons de motiver les gens à célébrer la fête avec une ferveur traditionnelle.»

«Nous sommes déterminés à le célébrer», a ajouté M. Mukhtar.