Nouvelles sanctions américaines et européennes contre la Russie
WASHINGTON — Les États-Unis et l’Union européenne imposent de nouvelles sanctions à la Russie en marge du deuxième anniversaire de son invasion de l’Ukraine et en représailles à la mort d’Alexeï Navalny, célèbre détracteur du Kremlin, la semaine dernière dans une colonie pénitentiaire de l’Arctique.
Le département du Trésor américain prévoit d’imposer vendredi plus de 500 nouvelles sanctions à la Russie et à sa machine de guerre. Il s’agit de la plus importante série de sanctions depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022. Ces sanctions font suite à une série d’arrestations et d’inculpations annoncées jeudi par le département de la Justice, qui visent des hommes d’affaires russes, dont le directeur de la deuxième banque de Russie, et leurs intermédiaires dans le cadre de cinq affaires fédérales distinctes.
L’Union européenne a annoncé vendredi qu’elle imposait des sanctions à plusieurs entreprises étrangères, accusées d’avoir exporté vers la Russie des biens à double usage susceptibles d’être utilisés dans sa guerre contre l’Ukraine. L’Union européenne a également indiqué qu’elle visait des dizaines de responsables russes, notamment «des membres du pouvoir judiciaire, des hommes politiques locaux et des personnes responsables de la déportation illégale et de la rééducation militaire d’enfants ukrainiens».
«Le peuple américain et les peuples du monde entier comprennent que les enjeux de cette lutte vont bien au-delà de l’Ukraine, a déclaré le président Joe Biden dans un communiqué annonçant les sanctions. Si Poutine ne paie pas le prix de sa mort et de sa destruction, il continuera. Et le coût pour les États-Unis ― ainsi que pour nos alliés de l’OTAN et nos partenaires en Europe et dans le monde ― augmentera.»
Les États-Unis devaient cibler spécifiquement les personnes associées à l’emprisonnement de M. Navalny, au lendemain de la rencontre de M. Biden avec la veuve et la fille du leader de l’opposition en Californie.
Ils devaient également frapper «le secteur financier russe, la base industrielle de défense, les réseaux d’approvisionnement et les fraudeurs aux sanctions sur plusieurs continents, a déclaré M. Biden. Elles permettront à Poutine de payer un prix encore plus élevé pour son agression à l’étranger et sa répression à l’intérieur du pays.»
Le gel des avoirs et l’interdiction de voyager constituent le treizième train de mesures imposées par l’Union européenne à l’encontre de personnes et d’organisations qu’elle soupçonne de porter atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
«Aujourd’hui, nous renforçons encore les mesures restrictives à l’encontre du secteur militaire et de la défense de la Russie, a déclaré Josep Borrell, responsable de la politique étrangère de l’UE. « Nous restons unis dans notre détermination à briser la machine de guerre russe et à aider l’Ukraine à gagner son combat légitime pour l’autodéfense.»
Le ministère russe des Affaires étrangères a répondu que les sanctions de l’UE étaient «illégales» et portaient atteinte aux «prérogatives juridiques internationales du Conseil de sécurité des Nations unies». En réponse, le ministère interdit à certains citoyens de l’UE d’entrer dans le pays parce qu’ils ont fourni une assistance militaire à l’Ukraine. Il n’a pas réagi immédiatement aux sanctions américaines.
Au total, 106 fonctionnaires et 88 «entités» ― souvent des entreprises, des banques, des agences gouvernementales ou d’autres organisations ― ont été ajoutés à la liste des sanctions de l’Union européenne, ce qui porte à plus de 2000 le nombre de personnes et d’entités visées, dont le président russe Vladimir Poutine et son entourage.
Des entreprises fabriquant des composants électroniques, dont l’UE estime qu’ils pourraient avoir des utilisations tant militaires que civiles, figurent parmi les 27 entités accusées de «soutenir directement le complexe militaire et industriel russe dans sa guerre d’agression contre l’Ukraine», selon un communiqué de presse.
Ces entreprises, dont certaines sont basées en Inde, au Sri Lanka, en Chine, en Serbie, au Kazakhstan, en Thaïlande et en Turquie, sont soumises à des restrictions d’exportation plus sévères.
Le bloc a déclaré que les entreprises «ont été impliquées dans le contournement des restrictions commerciales», et il accuse d’autres entreprises de «développer, produire et fournir des composants électroniques» destinés à aider les forces armées russes.
Certaines de ces mesures visent à priver la Russie de pièces pour les drones sans pilote, que les experts militaires considèrent comme un élément clé de la guerre.