Un tribunal a commencé à rendre publics de nouveaux documents sur Jeffrey Epstein

NEW YORK — Dans un grand battage médiatique, un tribunal a commencé à publier, mercredi en fin de journée, un nouveau lot de documents judiciaires jusqu’alors secrets concernant Jeffrey Epstein, le financier de la jet-set qui s’est suicidé en 2019 alors qu’il était en attente de son procès pour trafic sexuel.

Ces dernières semaines, les réseaux sociaux ont été envahis par des messages spéculant que les documents contiendraient une liste d’hommes riches et puissants qui étaient les «clients» ou les «coconspirateurs» d’Epstein.

Une telle liste n’a pas été divulguée pour le moment. La collection initiale d’environ 40 documents rendus publics contenait en grande partie des éléments qui avaient déjà été publiés ou qui avaient été couverts de manière exhaustive dans près de deux décennies d’articles de journaux, de documentaires télévisés, d’entrevues et de livres sur le scandale Epstein.

Pourtant, les documents – qui comprenaient des transcriptions d’entretiens avec certaines des victimes d’Epstein – rappelaient qu’Epstein s’entourait de personnalités célèbres et puissantes, dont quelques-unes ont également été accusées de mauvaise conduite.

Ils mentionnaient notamment l’amitié passée d’Epstein avec Bill Clinton – qui n’est accusé d’aucun acte répréhensible – et le prince Andrew du Royaume-Uni, qui avait précédemment réglé un procès l’accusant d’avoir eu des relations sexuelles avec une jeune fille de 17 ans qui voyageait avec Epstein.

Les documents descellés sont liés à un procès intenté en 2015 par l’une des victimes d’Epstein, Virginia Giuffre. Elle fait partie des dizaines de femmes qui ont poursuivi Epstein en justice, affirmant qu’il les avait agressées dans ses domiciles en Floride, à New York, dans les îles Vierges américaines et au Nouveau-Mexique. Cette poursuite particulière visait l’ancienne conjointe d’Epstein, Ghislaine Maxwell, qui a été reconnue coupable en 2021 d’avoir aidé à recruter les victimes d’Epstein et qui purge une peine de 20 ans de prison.

Epstein, un millionnaire connu pour ses relations avec des célébrités, des politiciens, des milliardaires et des vedettes universitaires, s’est suicidé en prison en 2019 alors qu’il attendait son procès pour trafic sexuel.

Le procès de Mme Giuffre contre Maxwell a été réglé en 2017, mais le tribunal a gardé certains documents judiciaires occultés ou scellés en raison de préoccupations concernant le droit à la vie privée des victimes d’Epstein et d’autres personnes dont les noms avaient été évoqués au cours de la bataille juridique.

Seule une quarantaine de ces documents ont été rendus publics mercredi. D’autres seront publiés dans les prochains jours.

Les dossiers comprenaient les dépositions de plusieurs victimes d’Epstein, dont beaucoup ont déjà raconté publiquement leur histoire.

Des personnalités connues impliquées

Mme Giuffre a affirmé que l’été où elle a eu 17 ans, elle a été attirée par un emploi de spa au club Mar-a-Lago de Trump pour devenir «masseuse» pour Epstein – un travail qui impliquait de commettre des actes sexuels.

Elle a réglé un procès contre le prince Andrew en 2022 dans lequel elle affirmait qu’il l’avait agressée sexuellement lors d’un voyage à Londres. La même année, Mme Giuffre a retiré une accusation qu’elle avait portée contre l’ancien avocat d’Epstein, le professeur de droit Alan Dershowitz, affirmant qu’elle «avait peut-être commis une erreur» en l’identifiant comme un agresseur.

Les documents publiés mercredi contenaient de nombreuses références à Jean-Luc Brunel, un agent de mannequins français proche d’Epstein, qui attendait son procès pour avoir violé des filles mineures lorsqu’il s’est suicidé dans une prison parisienne en 2022. Mme Giuffre faisait partie des femmes qui avaient accusé Brunel d’abus sexuel.

Le nom de Bill Clinton est apparu parce que Mme Guiffre a été interrogée par les avocats de Maxwell sur les inexactitudes contenues dans les articles de journaux concernant son temps avec Epstein, y compris un article la citant, disant qu’elle avait pris un hélicoptère avec M. Clinton et flirté avec Donald Trump. Mme Giuffre a dit qu’aucune de ces choses ne s’était réellement produite.

Le juge a déclaré qu’une poignée de noms devraient rester noircis dans les documents, car ils permettraient d’identifier les personnes qui ont été agressées sexuellement. L’Associated Press n’identifie généralement pas les personnes qui se disent victimes d’agression sexuelle à moins qu’elles ne décident de raconter leur histoire publiquement, comme l’a fait Mme Giuffre.

Même avant la publication des documents, la désinformation sur leur contenu abondait. Les utilisateurs des médias sociaux ont affirmé à tort que le nom de l’animateur de fin de soirée Jimmy Kimmel pourrait apparaître dans les documents, stimulés par une déclaration du quart-arrière des Jets de New York, Aaron Rodgers, mardi dans l’émission «The Pat McAfee Show» d’ESPN.

M. Kimmel a écrit dans une réponse publiée sur X, anciennement Twitter, qu’il n’avait jamais rencontré Epstein et que les «paroles imprudentes de Rodgers mettaient ma famille en danger».

«Continuez ainsi et nous débattrons davantage des faits devant le tribunal», a indiqué M. Kimmel.

Le juge n’a pas fixé d’objectif quant à la date à laquelle tous les documents devraient être rendus publics, mais d’autres documents devraient arriver dans les prochains jours.

— Avec des informations de Rebecca Boone et de Larry Neumeister