Baudruche au Salon bleu: travaux suspendus

QUÉBEC — Le gouvernement a demandé une sanction et l’opposition officielle des excuses de Québec solidaire (QS), jeudi, après que le député Sol Zanetti a gonflé et dégonflé une baudruche, à la période de questions, pour tenter d’illustrer l’affaissement de la Coalition avenir Québec (CAQ). 

Le député libéral Frantz Benjamin, qui présidait les travaux à la place de Nathalie Roy, a clairement perdu le contrôle de la Chambre et a dû suspendre les travaux pendant de longues minutes. 

Pour sa part, M. Zanetti ne s’est nullement repenti de son geste. 

C’est lui qui a déclenché l’esclandre en dénonçant le nationalisme de la CAQ qui selon lui n’est pas à la hauteur des attentes en matière de rapatriement des pouvoirs en culture. 

Le député de Jean-Lesage a ainsi gonflé une baudruche bleue, communément appelée une «balloune», et l’a ensuite lâchée pour qu’elle se dégonfle.  

«Il n’y a pas beaucoup de mots qui peuvent décrire le dégonflement du nationalisme caquiste, mais peut-être que cette image pourrait aider», a-t-il alors déclaré, pendant que les élus de sa formation politique riaient. 

«Vous savez que ce que vous venez de faire n’est pas permis», a semoncé le président Frantz Benjamin, en rappelant qu’on ne peut utiliser des objets de ce genre en Chambre.

C’est alors que le leader du gouvernement en Chambre, Simon Jolin-Barrette, a bondi pour réclamer un geste plus sévère contre le député de QS.

M. Benjamin a maintenu qu’il avait rendu sa décision et formulé son rappel à l’ordre, ce qui a mécontenté M. Jolin-Barrette. 

«Vous pouvez faire plus qu’un rappel à respecter le décorum», a dénoncé le leader du gouvernement. 

«La situation qui a eu cours présentement commande une action plus importante de la part de la présidence. (…) Poser de tels gestes en cette enceinte est complètement inacceptable, inadmissible, et nous vous demandons de sanctionner davantage le député.»

«J’invite peut-être le député de Jean-Lesage, s’il est tanné de son travail ici, à s’inscrire en théâtre, je pense qu’il a beaucoup de talent», a renchéri le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe. 

«Ici, là, on mène des dossiers sérieux, qui méritent plus que du mauvais théâtre comme ça, de lancer des ballons en cette Assemblée.»

Devant le désordre, le président a dû interrompre la période de questions et du coup sa diffusion télévisée pendant une bonne quinzaine de minutes. Il est très rare que les travaux sont interrompus en pleine période de questions aussi longtemps en raison de frictions entre les partis.  

Les travaux ont repris, mais le président n’a pas retenu la proposition du leader du gouvernement de sanctionner le député de QS.  

Peu après, le chef intérimaire de l’opposition officielle, Marc Tanguay, a fait une sortie écrite, sur le réseau X, anciennement Twitter. 

«Le geste posé par Sol Zanetti au Salon bleu est inacceptable au sein de notre institution, notre Assemblée nationale, a-t-il déclaré. (Le chef parlementaire) Gabriel Nadeau-Dubois doit s’excuser au nom de sa formation politique.» 

Toujours par l’entremise de X, M. Zanetti a pour sa part dit que le président ne lui a pas demandé de s’excuser, mais a ajouté qu’il avait une pensée pour lui, «qui a dû gérer l’émoi que mon geste a causé lors de sa première période de questions».

C’était en effet la première fois que M. Benjamin, troisième vice-président de l’Assemblée, montait sur le trône pour diriger la période de questions. Habituellement, il prend notamment la relève de la présidence au moment de la période des motions sans préavis.