Deux astronautes canadiens affectés à la mission lunaire et à la station spatiale

LONGUEUIL, Qc — Les astronautes Jenni Gibbons et Joshua Kutryk ont officiellement été affectés, mercredi, la première à la mission lunaire Artemis II, le second à passer six mois à bord de la station spatiale internationale. 

Jenni Gibbons, une docteure en ingénierie âgée de 35 ans,a été désignée astronaute de relève pour la mission Artemis II et sera prête à enfiler la combinaison de son compatriote Jeremy Hansen si ce dernier est dans l’incapacité d’y aller. Elle subira donc exactement le même entraînement que lui et participera du même coup à l’élaboration de la mission et au développement de la formation des astronautes pour les missions lunaires. 

Une autre de ses tâches sera de s’entraîner comme responsable des communications, car c’est elle qui fera le pont entre la Terre et les astronautes à bord de la capsule Orion.

Un investissement pour l’avenir

Bien qu’elle soit remplaçante désignée, elle souhaite ardemment que Jeremy Hansen un ami proche, puisse aller dans l’espace: «Je veux absolument qu’il le fasse. Pour moi, cette affectation n’est pas en contradiction avec le fait de vouloir aller dans l’espace – bien sûr que je veux aller dans l’espace –  mais je vois le tout comme un investissement dans des missions futures.»

Elle espère que le Canada poursuivra son partenariat dans l’aventure lunaire puisque son entraînement fera d’elle une candidate de choix pour les prochaines missions: «Si le Canada décide d’investir pour mettre des bottes sur la lune, je serai prête.»

La mission Artemis II, dont le lancement aura lieu au plus tôt en novembre 2024, doit se rendre à la Lune et l’orbiter sans alunir afin de mettre les systèmes du vaisseau Orion à l’épreuve. La mission suivante, Artemis III, se posera sur la Lune. L’objectif, à terme, est de construire la base Gateway en orbite autour de la Lune, à la fois pour faire des allers-retours sur le satellite de la Terre et pour servir de tremplin vers Mars.

Un nouveau vaisseau spatial

Joshua Kutryk, lui, participera au premier vol habité de la capsule CST-100 Starliner de Boeing vers la Station spatiale internationale. Il y demeurera durant six mois pour procéder à diverses expériences et à l’entretien de la station. 

Joshua Kutryk sera le quatrième astronaute canadien à effectuer un séjour de longue durée à bord de la station spatiale et le premier à le faire dans le cadre d’une mission commerciale habitée de la NASA. Son départ est prévu au plus tôt au début de 2025.

Pilote d’essai dans les Forces armées canadiennes, l’astronaute de 41 ans n’a pas caché que l’idée d’inaugurer le Starliner l’attire au plus haut point: «Développer des nouvelles technologies, tester des nouvelles choses, des nouveaux véhicules, c’est une chose bien excitante pour moi comme pilote d’essai. Je suis excité, je suis enthousiaste. Je suis reconnaissant d’avoir cette opportunité.»

Le ministre de l’Innovation, de la Science et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, s’est défendu de voir dans l’entrée en scène du Starliner de Boeing une manière de s’affranchir des Soyouz russes, présentement utilisés pour faire la navette entre la Station spatiale et la Terre. «Dans l’esprit du monde spatial, il y a toujours eu cet esprit de collaboration. La santé et la sécurité des astronautes, c’est la priorité numéro un pour l’ensemble des nations qui font partie de l’alliance pour la station spatiale. C’est l’un des rares endroits où on a maintenu cette collaboration.»

Appelé de nouveau à justifier les dépenses considérables qu’implique le programme spatial, il a fait valoir que «l’espace, ça nous permet d’aller plus loin, non seulement de façon littérale, mais ç’a toujours poussé les frontières de la science et c’est ça qui est intéressant alors que nous sommes dans l’aube du 21e siècle.»

À ses côtés, la présidente de l’Agence spatiale canadienne, Lisa Campbell, a rappelé que «le secteur spatial au Canada crée 24 000 emplois et génère 5 milliards $, des énormes retombées économiques non seulement financières, mais aussi dans plusieurs domaines».