Immigration temporaire: on aménage la «minorisation» des francophones, dit le PQ

QUÉBEC — On est en train d’«aménager» la «minorisation» de la langue française au Québec avec la hausse de près de 50 % de l’immigration temporaire en un an, soutient le Parti québécois (PQ).  

Statistique Canada révélait en effet mercredi que le nombre d’immigrants temporaires a bondi de 322 000 à 471 000 au Québec, entre juillet 2022 et juillet 2023.

Le Parti libéral du Québec (PLQ) évoque de son côté un «drapeau rouge», tandis que Québec solidaire (QS) demande de régulariser le statut des personnes à statut précaire pour en faire des permanents, à raison de 10 000 supplémentaires par an. 

Le gouvernement caquiste a avoué sa surprise et a appelé le fédéral à une «prise de conscience» sur la capacité d’accueil du Québec. 

En Chambre, le PQ a déposé une motion pour souligner que le Québec «n’a pas la capacité d’accueillir autant de résidents non permanents» et réclamer que le fédéral – qui contrôle en grande partie l’immigration temporaire – en tienne compte. La motion a été bloquée par QS. 

La ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, demande à Ottawa de réviser ses cibles d’immigration en fonction de ces nouvelles données, mais a ajouté que son homologue fédéral, Marc Miller, est sourd à ses revendications.  

Elle réclame en outre du fédéral d’être plus vigilant dans l’attribution de visas de touriste: des visiteurs en profiteraient pour demander asile au Canada.

La veille, elle avait appelé le fédéral à une «prise de conscience» concernant la capacité d’accueil du Québec. 

«Prise de conscience?» 

«Prise de conscience? Non, ça va prendre quelque chose de plus énergique que ça», a dénoncé le député péquiste Pascal Bérubé, en mêlée de presse jeudi matin. 

«Je dis qu’on aménage notre minorisation, au plan linguistique notamment», a-t-il poursuivi, en voulant avoir recours à «des mots moins catastrophistes» que la «louisianisation» évoquée par François Legault en campagne électorale l’an dernier.  

Il rappelait ainsi les déclarations du chef caquiste, selon lesquelles il serait suicidaire de hausser le seuil annuel au-delà de 50 000 nouveaux arrivants.

Le Québec n’a pas la capacité d’accueillir 471 000 immigrants temporaires, que ce soit en matière de logement, de places dans les écoles et de services à la population, a argué M. Bérubé. 

Il a déploré que pendant qu’il est question d’accueillir 50 000 à 60 000 immigrants permanents par année dans les consultations à l’Assemblée nationale, le fédéral a admis sur le territoire du Québec un nombre beaucoup plus élevé d’immigrants temporaires.

Le Parti libéral du Québec (PLQ) parle quant à lui de «drapeau rouge» sur la capacité d’accueil du Québec.

«C’est extrêmement préoccupant», a commenté le chef libéral intérimaire, Marc Tanguay, en mêlée de presse. 

«Tout le discours est comme tronqué» dans le débat sur l’immigration, estime le chef parlementaire de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois.

«Bien sûr c’est trop (d’immigration temporaire), mais on ne peut pas juste dire que c’est trop», a-t-il dit en demandant qu’on régularise le statut des immigrants à statut précaire et sans statut pour en faire des immigrants permanents, à raison de 10 000 par an. 

Du même souffle il ouvre aussi la porte à ce que les temporaire qui détiennent un permis de travail puissent devenir immigrants permanents. 

«Les entreprises elles-mêmes le disent, ce fardeau administratif épouvantable que représente le fait de devoir renouveler (…) les papiers des hommes et des femmes qui sont déjà au Québec, qui travaillent dans nos entreprises. (…) Ces entreprises-là, elles-mêmes le disent: on préférerait bien mieux avoir des gens qui s’installent de manière permanente.»

Les 470 976 immigrants temporaires au Québec estimés par Statistique Canada en juillet se divisent comme suit: il y a 146 723 demandeurs d’asile et 324 253 titulaires de permis d’études et/ou de travail, avec les membres de leur famille.  

En comparaison, en juillet 2022, il y avait 93 428 demandeurs d’asile et 228 917 titulaires de permis d’études et/ou de travail, avec les membres de leur famille.

L’immigration est une compétence partagée entre le Québec et le Canada.