«Inaction» de la DPJ dans un possible cas d’excision: le signalement sera révisé

QUÉBEC — Le processus de signalement sera révisé à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), à la suite d’un cas possible d’excision sur une enfant de deux ans, a annoncé jeudi le ministre Lionel Carmant.

L’excision rituelle est illégale au pays, mais la DPJ aurait d’abord jugé le cas trop délicat pour intervenir après un signalement du Centre de la petite enfance (CPE) de Québec, selon ce qui a été rapporté dans des médias. 

Pourtant, depuis l’affaire de la fillette de Granby et le rapport de la commission Laurent, la protection de l’enfance est censée être l’affaire de tous, selon la loi, et la DPJ est censée avoir les coudées franches pour agir.  

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête sur l’«inaction» de la DPJ, peut-on lie dans un communiqué.

Questionné en Chambre, M. Carmant a dit qu’il avait contacté la directrice nationale de la protection de la jeunesse, Catherine Lemay.

«Elle a le rôle de s’assurer que le processus de signalement et de rétention de signalement soit bien fait, et ça sera révisé», a-t-il expliqué. 

On l’a assuré mercredi après-midi que l’enfant serait «évaluée».

«L’enquête vise à vérifier si les faits allégués sont véridiques et si les droits de l’enfant ont été respectés, a précisé pour sa part la CDPDJ dans un communiqué. Elle a aussi pour but de s’assurer que des mesures soient prises afin qu’une telle situation ne se reproduise pas.»

La commission rappelle que la pratique de l’excision ou toute forme de mutilations génitales est interdite au Québec et passible de sanctions criminelles.

Mercredi, La Tribune de Sherbrooke a rapporté que deux éducatrices d’un CPE de la région de Québec ont transmis un signalement à la DPJ sur une fillette de deux ans qui aurait été excisée.

Par la suite, la DPJ n’a pas retenu le signalement au motif que c’était délicat.

«Le signalement a été rejeté le jour même, alors que ça aurait au moins pris un examen médical pour vérifier si les inquiétudes des éducatrices étaient fondées», a lancé la députée Christine Labrie, de Québec solidaire, en interpellant M. Carmant en Chambre. 

«On parle d’une possible excision. C’est extrêmement grave. C’est un dossier qui aurait dû se retrouver en haut de la pile, pas au recyclage.»

«Je suis tout aussi choqué que la députée de Sherbrooke par ce que j’ai lu (…) c’est tout à fait inacceptable», a dit le ministre.

Il a assuré que des mécanismes sont en place pour éviter que des cas passent dans les mailles du filet.   

Il a fait valoir que grâce à sa nouvelle loi, il y a eu un «retour au signalant»: la personne qui a fait le signalement a été à tout le mois informée de la décision de la DPJ. L’auteur du signalement a par la suite le loisir de faire un deuxième signalement, si le premier n’est pas retenu, au lieu de s’adresser aux médias, 

«Ça aurait pu être la chose à faire», a conclu le ministre.