Ingérence étrangère: Singh dit aussi ne pas avoir eu accès à des documents importants

OTTAWA — Tout comme la co-cheffe des verts, Elizabeth May, le leader néo-démocrate Jagmeet Singh déplore ne pas avoir pu lire des documents sur l’ingérence étrangère qui ont été référencés par l’ancien rapporteur spécial, David Johnston, dans une annexe confidentielle.

«Comme il n’y a pas eu d’accès aux documents sources, de nombreuses questions restent en suspens», a déclaré vendredi M. Singh par communiqué après avoir examiné l’annexe confidentielle.

Il avait pourtant «cru comprendre» qu’il aurait accès à ces informations. Il a indiqué qu’il ferait un suivi auprès du ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc.

«Après avoir examiné le résumé de David Johnston, il est très difficile de comprendre l’absence de réponse du gouvernement à ces informations», estime le chef néo-démocrate.

Le bureau de M. LeBlanc a dit prendre note des «préoccupations» de M. Singh.

«Nous aborderons le sujet avec les responsables de la sécurité du Bureau du Conseil privé, qui ont, en vertu de la loi, la responsabilité de décider qui a accès à ces documents classifiés. Nous déterminerons avec eux la meilleure façon de procéder», a soutenu l’attaché de presse du ministre, Jean-Sébastien Comeau.

La Presse Canadienne a demandé au Bureau du Conseil privé, il y a trois semaines, si les chefs de parti qui le souhaitent pourront voir l’ensemble des documents référencés. Mme May avait alors exprimé les mêmes critiques que M. Singh. Le Bureau du Conseil privé n’a toujours pas répondu à cette question.

Bien qu’il réclame de voir des informations additionnelles, M. Singh a affirmé avoir pu conclure, à la lumière de ce qu’il a lu, que le besoin d’une enquête publique et indépendante sur l’ingérence étrangère est renforcé.

Le ministre LeBlanc a annoncé jeudi la tenue d’une telle commission, qui sera présidée par la juge de la Cour d’appel du Québec Marie-Josée Hogue.

Cette nomination est survenue au terme d’une entente des libéraux avec les partis d’opposition après plusieurs mois de consultations.

«Après avoir examiné les documents cet après-midi, il apparaît clairement qu’une enquête publique est nécessaire et nous sommes reconnaissants que la juge Hogue, nouvellement nommée, ait accepté de s’atteler à cette tâche importante», a conclu M. Singh.

Pour pouvoir lire l’annexe confidentielle, M. Singh et Mme May ont dû obtenir une cote de sécurité dite «très secrète», qui les empêche de divulguer toute information sensible quant à la sécurité nationale.

Les chefs de tous les partis d’opposition ont été invités à consulter cette section du rapport préliminaire de M. Johnston, qui s’était prononcé contre la tenue d’une commission d’enquête sur l’ingérence étrangère avant de démissionner.

M. Johnston écrivait que celle-ci «présente en détail les principales allégations portées par les médias et (…) comprend des extraits des documents de renseignement et d’autres produits qui m’ont mené à (ses) conclusions».

Seuls Mme May et M. Singh ont accepté l’offre de consulter ces informations.

Les chefs conservateur et bloquiste, Pierre Poilievre et Yves-François Blanchet, ont refusé parce qu’ils estiment que la cote de sécurité nécessaire pour lire l’information les réduirait au silence.