La création d’emplois a masqué la faiblesse du marché, disent des économistes

OTTAWA — L’économie canadienne a créé plus d’emplois que prévu le mois dernier, mais comme il s’agissait de gains saisonniers dans le secteur de l’éducation et d’une augmentation du travail à temps partiel, les économistes ont expliqué que le marché du travail restait plus faible qu’il n’y paraissait. 

Au total, le nombre d’emplois au pays a progressé de 64 000 en septembre, a indiqué vendredi Statistique Canada dans son enquête sur la population active. 

Le taux de chômage est resté stable à 5,5 % pour un troisième mois consécutif. 

«Même si les grands chiffres retiendront l’essentiel de l’attention, nous recommandons de ne pas trop s’exciter. Presque tous les gains ont été réalisés dans le secteur de l’éducation, historiquement volatil», a souligné James Orlando, directeur économique de la Banque TD, dans une note à ses clients. 

«En outre, la plupart des emplois créés sont des emplois à temps partiel, ce qui a entraîné une diminution du nombre d’heures travaillées. Ces détails devraient jeter un peu d’eau froide sur un rapport sur l’emploi en apparence brûlant.» 

Un plus grand nombre de personnes travaillaient dans les services d’enseignement, le transport et l’entreposage, tandis que des emplois ont été supprimés dans le domaine de la finance, des assurances, des services immobiliers et les services de location, ainsi que celui de l’information, de la culture et des loisirs et celui de la construction. 

Le marché du travail canadien s’est refroidi au cours de la dernière année, à mesure que les taux d’intérêt ont augmenté. Le nombre de postes vacants a diminué et le taux de chômage a légèrement augmenté. 

Les économistes estiment néanmoins que le marché du travail a mieux résisté que prévu. 

Même avec la récente hausse du taux de chômage, celui-ci reste inférieur aux niveaux d’avant la pandémie. Le taux de chômage était en moyenne de 5,7 % en 2019, l’année précédant le bouleversement des tendances économiques par la COVID-19. 

La croissance des salaires est également restée relativement forte, la demande des travailleurs ayant augmenté pour compenser la hausse du coût de la vie. 

En septembre, le salaire horaire moyen était en hausse de 5 % par rapport à l’année dernière. 

«Ce qu’il faut retenir, c’est que même avec un léger ralentissement, le marché du travail reste assez tendu», a observé Douglas Porter, économiste en chef de la Banque de Montréal. 

La forte croissance démographique a également favorisé des créations d’emplois mensuelles plus importantes, à mesure que davantage de personnes entrent sur le marché du travail. 

La Banque du Canada surveille le marché du travail pour déterminer si l’économie ralentit suffisamment pour ramener l’inflation à son objectif de 2 %. 

Alors que les hausses de taux de la banque centrale commencent à se faire sentir sur l’économie, MM. Orlando et Porter jugent que le marché du travail ne s’est pas suffisamment détendu pour conclure que le travail de la Banque du Canada est terminé. 

«Nous n’avons pas observé de tendance qui nous signale clairement que l’économie évolue dans la direction requise par la Banque du Canada pour faire baisser l’inflation», a affirmé M. Orlando lors d’une entrevue. 

Le taux d’intérêt directeur de la Banque du Canada se situe actuellement à 5,0 %, son niveau le plus élevé depuis 2001. La banque centrale doit prendre sa prochaine décision sur les taux d’intérêt le 25 octobre. 

Données provinciales 

Au Québec, le taux de chômage a augmenté de 0,1 point de pourcentage en septembre pour s’établir à 4,4 %, malgré la création de 38 700 emplois — soit 23 500 emplois à temps plein et 15 100 autres à temps partiel. 

La Colombie-Britannique a aussi enregistré une hausse de son nombre d’emplois, la deuxième en autant de mois, avec la création de 26 000 emplois. Son taux de chômage s’est établi à 5,4 % en septembre, en hausse de 0,2 point de pourcentage. 

Quelque 38 000 emplois ont été perdus en Alberta, ce qui a contrebalancé les hausses cumulatives de 30 000 des deux mois précédents. Le taux de chômage s’est cependant maintenu à 5,7 %. 

L’emploi a augmenté en Ontario (+20 000), au Manitoba (+8800), en Saskatchewan (+6000), en Nouvelle-Écosse (+3200) et à l’Île-du-Prince-Édouard (+2700) en septembre, tandis qu’il a diminué au Nouveau-Brunswick (-2700).