La «médecine de précision»: à chaque patient son traitement personnalisé

HALIFAX — Robin McGee vit avec un cancer colorectal de stade quatre depuis 13 ans – un exploit remarquable compte tenu de la gravité de son état.

Mercredi, la Néo-Écossaise de 62 ans s’est rendue à Halifax, où elle et 30 autres patients atteints de cancer et survivants, provenant de neuf provinces, ont parlé à des chercheurs de leurs expériences avec ce qu’on appelle la «médecine de précision». Il s’agit d’une approche plutôt novatrice qui adapte le traitement à chaque patient, en tenant compte de la génétique de la tumeur et des caractéristiques de la personne. 

Pour Mme McGee, cette approche a changé sa vie. «Mon cancer était comme un train de marchandises, et cette médecine de précision a appliqué  brusquement les freins», a-t-elle déclaré en entrevue après avoir participé à une série de discussions organisées par le Réseau des centres d’oncologie du Marathon de l’espoir Terry-Fox. «Ça a permis d’éviter des douleurs et des limitations très sévères.»

Mme McGee a déclaré qu’elle était à court d’options de traitement couvertes par l’assurance maladie. Elle s’est arrangée, à ses frais, pour que sa tumeur soit soumise à une analyse génomique qui lui permettrait d’en connaître les mutations spécifiques. Les résultats ont suggéré un traitement surprenant: un médicament généralement utilisé pour traiter d’autres types de cancer.

Après avoir acheté le médicament au Bangladesh, elle a commencé le traitement en juillet, avec l’approbation de son oncologue.

«Mes marqueurs sanguins du cancer ont chuté, ce qui montre que je réagissais» au médicament, a-t-elle raconté. «Si on pouvait rendre le traitement du cancer (…) sensible aux biomarqueurs individuels des mutations, comme dans mon cas, on sauverait beaucoup plus de vies.»

Lorsque le Réseau des centres d’oncologie a été créé en 2019, il a réuni pour la première fois les principaux hôpitaux de cancérologie et centres de recherche universitaires du Canada. Ce regroupement a été décrit comme «l’Équipe Canada de la recherche sur le cancer».

Grâce à des études poussées axées sur la recherche de mutations génétiques nocives, le réseau a travaillé d’arrache-pied pour trier les bonnes et les mauvaises mutations, en compilant les données de profil génétique de patients de partout au Canada.

Ce type de partage de données était jadis entravé par la réticence des provinces à transmettre des renseignements personnels sur la santé au-delà de leurs frontières. Le réseau offre désormais une plateforme sécurisée de partage de données.

«Nous construisons la ressource la plus complète au Canada en matière de cancers», a estimé Robin Urquhart, directrice scientifique au Partenariat de l’Atlantique pour la santé de demain, qui fait partie du Réseau des centres d’oncologie.

«Cela comprend des données cliniques et des données génomiques provenant de patients à travers tout le pays, ce qui nous permet de faire beaucoup de choses, comme identifier différents marqueurs dans le sang qui peuvent détecter plus tôt le cancer», explique la professeure agrégée au département de santé communautaire et d’épidémiologie de l’Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse.

La médecine de précision «permet de faire correspondre chaque patient atteint d’un cancer au meilleur traitement possible».

La professeure Urquhart souligne qu’avec les réunions à Halifax, c’est la première fois que des chercheurs du réseau se réunissent avec des patients atteints de cancer, des survivants et des soignants pour parler de l’avenir de cette médecine de précision.

«Ce groupe s’est réuni (…) pour guider notre travail, a déclaré Mme Urquhart. Nous voulons nous assurer que notre travail correspond à ce que souhaitent les patients.»