La plupart des homardiers de la Nouvelle-Écosse sont aptes à devenir électrique

HALIFAX — Un groupe environnemental a conclu qu’environ 2300 bateaux de pêche aux homards opérant au large de la Nouvelle-Écosse sont des candidats appropriés pour passer du moteur diesel au moteur électrique, un changement qui réduirait les émissions de l’industrie.

La pêche au homard de la province est en bonne position pour ouvrir la voie vers une pêche zéro émission – si les gouvernements aident le secteur de la construction de bateaux à développer les nouvelles technologies, indique un rapport publié jeudi par l’organisme Oceans North. 

Selon ce groupe établi à Ottawa et qui défend la conservation marine, 70% des bateaux pêchent dans un rayon de 20 kilomètres autour de son port d’attache, ce qui signifie que les navires peuvent compter en toute sécurité sur l’énergie électrique.

La flotte de homardiers de la Nouvelle-Écosse produit environ 82 millions de kilogrammes d’émissions de carbone chaque année, soit l’équivalent d’environ 35 000 voitures, selon l’étude.

Le directeur de l’action climatique marine chez Oceans North, Brent Dancey, a déclaré jeudi dans une entrevue que le passage à l’électrique serait plus efficace pour les nouveaux navires, pour lesquels des coques à faible consommation d’énergie pourraient être conçues pour s’adapter aux besoins des batteries. Toutefois, il a ajouté que les bateaux actuellement en service pourraient également être équipés de systèmes électriques, en particulier lorsque leurs moteurs diesel doivent être réparés. 

«Il y aura des opportunités, bateau par bateau, de réaliser la conversion en utilisant la coque d’origine, a-t-il expliqué. Cela nécessitera des évaluations d’ingénierie et de faisabilité au cas par cas. Mais nous nous attendons à ce qu’il y ait des opportunités de conversions.»

Oceans North affirme que le coût total d’un système électrique est compétitif par rapport au diesel sur un horizon de 20 ans, car le prix d’achat plus élevé est compensé par des coûts d’exploitation inférieurs.

Selon «l’analyse simplifiée» de l’organisme, pour le système de propulsion d’un navire de 12 mètres – en supposant que le bateau consommerait environ 260 kilowattheures d’énergie par jour – le prix d’un moteur diesel serait de 70 000 $ contre 170 000 $ pour un système électrique à batterie. Au fil du temps, les coûts d’exploitation et de maintenance sur 20 ans pour le moteur diesel s’élèveraient à environ 280 000 $, soit bien plus que les quelque 85 000 $ pour le bateau alimenté par batterie.

L’organisme souligne qu’une étude plus approfondie est nécessaire sur les arguments économiques en faveur de l’électrification, qui incluent les augmentations attendues du prix du diesel, la hausse probable du prix des émissions de carbone et l’inclusion de subventions et d’incitations au changement de carburant.

M. Dancey a fait valoir que la clé pour amorcer ce changement est que les gouvernements envoient un «signal de marché» en fixant des objectifs clairs de réduction des émissions, comme cela s’est produit dans le secteur automobile.

L’étude appelle Ottawa à inclure la pêche commerciale dans le Plan d’action du Canada pour les océans et à fixer l’objectif d’avoir «au moins 10% de la flotte de homardiers, soit environ 300 bateaux, propulsés à l’électricité ou à des carburants à zéro émission comme l’hydrogène vert d’ici 2030». Elle suggère également au gouvernement fédéral d’interdire la vente de nouveaux bateaux de pêche commerciaux propulsés au diesel d’ici 2035.

Ottawa s’est déjà fixé comme objectif qu’une automobile sur cinq vendue au pays d’ici 2026 soit à zéro émission et que 60% d’entre elles le soient d’ici 2030. De plus, le Canada a l’intention d’interdire la vente de nouvelles voitures à moteur à combustion interne dès 2035. En 2020, le gouvernement fédéral a annoncé que le Canada avait pour objectif de réduire à zéro ses émissions nettes de carbone d’ici 2050.

Le rapport soutient que si le Canada jouait un rôle de premier plan dans la transition vers les bateaux électriques, cela créerait un élan majeur pour l’industrie de la construction navale du pays. Il indique qu’il y a 15 000 petits bateaux de pêche au Canada et 25 000 de taille similaire aux États-Unis, et que «tous ces bateaux devront être remplacés ou convertis (…) l’opportunité économique de moderniser la flotte de pêche du Canada étant estimée à au moins 10 milliards $».

«En développant l’expérience et l’expertise (…) avant les autres juridictions, la Nouvelle-Écosse sera en mesure d’engranger des bénéfices économiques et sociaux, plutôt que d’avoir à importer de l’expertise et de la technologie», indique le rapport.