L’assaillant au camion-bélier de London a recherché sur les taux de décès des piétons

L’homme accusé d’avoir tué quatre membres d’une famille musulmane à London, en Ontario, dans un acte présumé de terrorisme, a déclaré mercredi devant un jury qu’il avait fait, la veille de son attaque, des recherches sur les taux de mortalité des piétons heurtés par des véhicules.

Témoignant lors de son procès qui se tient à Windsor, Nathaniel Veltman a affirmé qu’il envisageait d’utiliser sa camionnette, achetée un mois plus tôt, pour commettre une attaque. Il a mentionné avoir recherché en ligne des informations sur ce qui se passe lorsque des piétons sont heurtés par des voitures.

M. Veltman a expliqué qu’il avait noté les données qu’il avait trouvées et qui indiquaient que la probabilité de blessure ou de décès d’un piéton augmente si le véhicule qui le percute roule à une vitesse élevée.

«J’étais certainement en mode danger lorsque je faisais des recherches sur les effets des véhicules sur les piétons, a-t-il déclaré.

«J’ai copié tous les pourcentages que j’ai vus sur ce site: blessés, morts et non blessés, et j’ai commencé à envisager d’agir.»

M. Veltman a également témoigné qu’il avait commandé en ligne un gilet pare-balles et un casque de style militaire au cours du mois précédant l’attaque et qu’il les avait portés le 6 juin 2021, lorsqu’il avait renversé la famille musulmane avec son camion.

«Je ne les ai pas commandés en même temps, a-t-il affirmé à propos du gilet et du casque. Ils étaient très chers.»

Veltman, 22 ans, est accusé d’avoir délibérément happé la famille Afzaal avec son camion en juin 2021, alors qu’elle marchait. Les procureurs ont affirmé que ses actes constituaient un acte de terrorisme.

Il a plaidé non coupable de quatre chefs de meurtre au premier degré et d’un chef de tentative de meurtre.

Un camion de près de 22 000 $ acheté

M. Veltman a déclaré mercredi qu’il avait signé un contrat pour l’achat de sa camionnette le 11 mai 2021, quelques semaines avant l’attaque. Il a indiqué avoir essayé d’acheter une autre camionnette plus tôt, mais que ses faibles revenus ne lui permettaient pas d’obtenir un prêt à ce moment-là.

La procureure de la Couronne, Jennifer Moser, qui contre-interrogeait M. Veltman, lui a dit que le contrat du camion indique qu’il lui a été vendu pour 21 995 $ et que le coût de l’emprunt était de 10 776 $, avec un taux d’intérêt de 12,9 %.

«C’est beaucoup d’argent pour vous (…) c’était à peu près au moment où vous achetiez le gilet et le casque en mai, a-t-elle déclaré. Vous n’aviez pas l’intention de rembourser ce prêt.»

Veltman a nié que c’était son intention.

Il a dit qu’il envisageait de retourner étudier au Fanshaw College de London lorsque les restrictions liées à la COVID-19 seraient levées.

Veltman témoigne pour sa propre défense depuis la semaine dernière.

Il a relaté au jury mardi qu’il avait ressenti une «envie» de happer la famille Afzaal avec son camion après l’avoir vue marcher sur un trottoir, ajoutant qu’il savait qu’ils étaient musulmans d’après les vêtements qu’ils portaient et qu’il avait remarqué que l’homme du groupe portait la barbe.

Il a également déclaré au jury plus tôt cette semaine qu’il s’était rendu en voiture à Toronto un jour avant l’attaque pour explorer la possibilité de cibler les musulmans dans cette ville, mais qu’il avait paniqué et était retourné à son appartement de London.

La Cour a appris qu’il avait écrit un manifeste dans les semaines précédant l’attaque, se décrivant comme un nationaliste blanc et colportant des théories du complot infondées sur les musulmans.

Les jurés ont déjà visionné une vidéo de Veltman disant à un enquêteur après son arrestation que son attaque était motivée par des convictions nationalistes blanches.

Salman Afzaal, 46 ans, sa femme Madiha Salman, 44 ans, leur fille Yumna, 15 ans, et sa grand-mère Talat Afzaal, 74 ans, ont été tués lors de l’attaque, tandis que le fils du couple, âgé de neuf ans, a été grièvement blessé, mais a survécu.

Cette affaire est la première dans laquelle les lois canadiennes sur le terrorisme sont soumises à un jury dans le cadre d’un procès pour meurtre au premier degré.