Le manque de formation pourrait être un risque pour l’Agence des services frontaliers

OTTAWA — De meilleurs outils de formation et de traitement de l’information sont nécessaires pour aider le programme de renseignement de l’agence frontalière du Canada à lutter contre une multitude de risques, depuis la contrebande d’armes à feu jusqu’au trafic de personnes, selon une évaluation interne.

Le rapport d’évaluation récemment publié par l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a également révélé que la nature sensible des activités et le manque de données rendaient difficile l’évaluation exhaustive de l’efficacité du Programme de collecte et d’analyse du renseignement.

Le programme est responsable de la collecte et de l’analyse de renseignements sur le trafic de drogue, la contrebande d’armes à feu, la fraude en matière d’immigration, le passage de clandestins, la traite de personne et l’interdiction de territoire grave pour des motifs de sécurité nationale, de crimes de guerre ou de violation des droits de la personne.

L’évaluation, entreprise entre mars 2021 et mars 2022, a révélé que l’accès à la formation était insuffisant pour soutenir les analystes et les agents du renseignement dans leur travail.

«Le principal problème semble être la disponibilité de la formation», conclut le rapport.

Certaines formations de base n’étaient disponibles que par l’intermédiaire de prestataires externes, tels que le Bureau du Conseil privé et le Collège canadien de police, qui les rendent accessibles à diverses organisations de renseignement et d’application de la loi, indique le rapport.

«Ne pas veiller à ce que la formation soit offerte présente un risque pour l’Agence sur le plan de la responsabilité (p. ex. les agents sont appelés à témoigner en cour) et pourrait causer des problèmes de rendement pour les employés, car ceux-ci n’auront pas reçu les outils nécessaires pour s’acquitter efficacement de leurs tâches.»

Des données difficiles d’accès

Certains ont également eu l’impression que le programme «n’est pas doté de la capacité technologique nécessaire pour garantir des opérations efficientes et efficaces».

Les personnes interrogées estiment que l’ASFC est une organisation riche en données, mais elles ont également indiqué que l’accès aux données provenant de différentes sources et leur rapprochement est difficile et que le programme ne dispose pas des outils nécessaires pour tirer parti de l’analyse des données, indique le rapport.

De nombreux employés régionaux ont indiqué qu’ils n’avaient pas accès aux outils de base pour mener des analyses et des enquêtes ni au réseau sécurisé de l’agence.

Les évaluateurs ont constaté que le programme avait cartographié les systèmes de données actuels en fonction des besoins, en soulignant les lacunes et en identifiant des outils plus avancés qui pourraient collecter, stocker, intégrer, traiter, rapporter et partager des données et des renseignements plus efficacement.

«Il existe une conviction selon laquelle un meilleur accès aux systèmes et aux outils logiciels pourrait générer des gains d’efficacité dans la production de produits de renseignement en automatisant les recherches et en permettant au personnel du renseignement de se concentrer sur les anomalies et les domaines préoccupants.»

Bien qu’il y ait un consensus sur le fait que les efforts du programme conduisent à la perturbation des activités criminelles, il n’existe actuellement aucun moyen de mesurer l’ampleur de la perturbation ou son incidence, mentionne le rapport.

Même s’il a été difficile d’évaluer l’efficacité du programme, les perceptions des acteurs clés et les données limitées «donnent à penser que le la contribution du Programme aux opérations de l’Agence est importante», ajoute le rapport.

«La mesure dans laquelle les produits du renseignement du Programme informent adéquatement les principaux décideurs en ce qui concerne les menaces et les tendances, et appuient les décisions fondées sur le renseignement, n’a pas pu être entièrement déterminée. Cependant, les intervenants ont exprimé une satisfaction générale à l’égard des produits du renseignement, comme les profils de menaces stratégiques, les profils de cibles, les avis de surveillance et les bulletins.»

De la formation bientôt disponible

Un plan d’action de la direction inclus dans le rapport d’évaluation a été supprimé de la version publique.

Cependant, en réponse aux questions de La Presse Canadienne, l’agence des services frontaliers a déclaré qu’elle renforçait les partenariats au sein du gouvernement pour rendre la formation de base plus accessible.

Le collège de l’agence frontalière a signé un protocole d’entente de cinq ans avec le Bureau du Conseil privé en 2022 pour garantir que les offres de cours seraient accessibles à la communauté du renseignement de l’agence, a déclaré un porte-parole de l’agence.

Le collège donne également la priorité à la prestation d’une formation de base couvrant des compétences telles que la conduite d’entretiens, la surveillance, ainsi que la planification et l’exécution de mandats.

En outre, l’agence frontalière a déclaré qu’elle réexaminait une norme nationale de formation pour les analystes et les agents du renseignement afin de s’assurer qu’elle réponde à leurs besoins.

Concernant les outils, l’agence élabore une feuille de route numérique pluriannuelle pour identifier les technologies existantes et émergentes, ainsi que les lacunes en matière de données. Elle propose également des modèles et des outils d’analyse de données pour le programme, a déclaré le porte-parole.