Le NPD appuiera la motion conservatrice en Chambre sur la tarification du carbone

OTTAWA — Les néo-démocrates affirment qu’ils soutiendront la motion des conservateurs qui demande au gouvernement de supprimer la tarification du carbone sur tous les modes de chauffage résidentiel, jusqu’après les prochaines élections, a déclaré jeudi le leader parlementaire du Nouveau Parti démocratique (NPD), Peter Julian.

«La réalité est que nous devons nous assurer que l’abordabilité est accessible à tous les Canadiens et c’est pourquoi nous appuyons cette motion», a soutenu M. Julian.

Cette décision porte un autre coup politique aux libéraux, qui se démènent depuis plusieurs jours pour défendre leur décision de suspendre la tarification du carbone sur le mazout résidentiel pour les trois prochaines années.

Le changement vise à donner aux personnes qui utilisent encore ce combustible le temps et les fonds nécessaires pour le remplacer par des pompes à chaleur électriques.

La controverse sur les thermopompes a ajouté aux inquiétudes du caucus libéral concernant les décisions du gouvernement. Même un éminent sénateur libéral, Percy Downe, a appelé cette semaine le premier ministre Justin Trudeau à commencer à planifier son départ.

La dernière controverse a débuté la semaine dernière, lorsque M. Trudeau a soudainement annoncé la pause de la tarification sur le mazout résidentiel.

Jusqu’à l’été dernier, le mazout de chauffage était exempté de la tarification du carbone dans  les provinces de l’Atlantique. C’est à ce moment-là que les quatre provinces ont été ajoutées au système national de tarification du carbone, remplaçant ainsi une version provinciale qui était auparavant en place.

Les gouvernements provinciaux, ainsi que les députés libéraux du Canada atlantique, ont exercé de fortes pressions dans les mois qui ont précédé le changement du 1er juillet pour que le mazout résidentiel soit retiré de la liste de prix du carbone.

Le coût du pétrole a augmenté de plus de 70% au cours des deux dernières années.

Les libéraux ont d’abord réagi en lançant un programme visant à aider les utilisateurs de mazout à remplacer leurs fournaises au mazout par des thermopompes électriques.

Le programme, qui couvre la totalité du coût du passage aux thermopompes pour les utilisateurs à faible revenu, est accessible à toutes les provinces qui acceptent de fournir elles-mêmes une partie du soutien financier.

Jusqu’à présent, les seules à le faire sont Terre-Neuve-et-Labrador, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard, où entre 14 et 53% des ménages dépendent du mazout.

L’annonce de la semaine dernière a augmenté les subventions disponibles dans le cadre de ce programme, augmenté la remise sur le prix du carbone accordée aux Canadiens des régions rurales et exempté le mazout de la politique de tarification du carbone pendant trois ans.

Les partis d’opposition et les premiers ministres de l’Ouest canadien ont crié au scandale, accusant les libéraux de favoritisme régional pour sauver leur peau politique dans des provinces où les résultats des sondages, habituellement positifs, se sont effondrés depuis juillet. 

M. Julian a affirmé que le NPD, qui soutient habituellement la tarification du carbone, a tenté d’amener les conservateurs à accepter une motion visant à supprimer la TPS sur toutes les sources de chauffage, plutôt que sur le prix du carbone.

Toutefois, comme cela ne s’est pas produit, et puisque la motion conservatrice «ne nie pas l’existence du changement climatique», le caucus du NPD a décidé de la soutenir par souci d’équité.

«Nous pensons que la réaction de panique des libéraux d’il y a quelques jours semble être liée aux chances électorales plus qu’autre chose», a dit M. Julian.

Il a soutenu que cela a créé une situation dans laquelle les habitants de certaines régions du pays recevront de l’aide pour garder leur maison chauffée pendant un «hiver difficile alors qu’ils sont en difficulté», mais que «d’autres Canadiens n’en bénéficieront pas».

Le chef conservateur Pierre Poilievre a déposé la motion jeudi matin, après que son parti a consacré la majeure partie de chaque période de questions de la semaine à ce sujet.

«Le premier ministre a décidé de créer deux classes de citoyens», a soutenu M. Poilevre, lors du débat sur sa motion à la Chambre des communes.

Alors qu’ils ont eux-mêmes présenté cette annonce comme une «mise à jour des mesures d’abordabilité pour les Canadiens de l’Atlantique et des régions rurales», les libéraux affirment maintenant qu’il s’agit véritablement d’un programme qui aide les personnes de tout le pays.

En tant que source de chaleur, le mazout est beaucoup plus répandu dans le Canada atlantique. Toutefois, en chiffres bruts, plus de trois ménages sur quatre qui consomment du pétrole ne se trouvent pas dans la région de l’Atlantique.

Le prix du carbone est fixé en fonction de la quantité d’émissions de gaz à effet de serre produites. Cela signifie que la taxe est d’environ 40% plus élevée pour le mazout résidentiel que pour le gaz naturel.

Même si les remises sur le prix du carbone visent à compenser le coût de la tarification du carbone pour la plupart des Canadiens, le ministre de l’Énergie, Jonathan Wilkinson, a affirmé que pour les personnes utilisant du mazout de chauffage, les remises ne couvrent souvent pas le coût.

Les remises sont fixées par chaque province en fonction du prix total du carbone perçu. Elles sont réparties également entre les résidents et ne sont pas basées sur le prix du carbone que chaque personne paie individuellement.

M. Wilkinson a déclaré que non seulement le gaz naturel est beaucoup moins cher à l’achat, mais que les remises sur le prix du carbone sont également suffisantes pour couvrir ces coûts.

L’évaluation du directeur parlementaire du budget (DPB) des remises sur le prix du carbone par rapport au coût de la tarification du carbone par province montre qu’à l’échelle nationale, environ huit Canadiens sur dix reçoivent plus que ce qu’ils paient.

Cependant, dans les trois provinces où la proportion d’utilisation de mazout est la plus élevée, le bénéfice est moindre, voire inexistant, pour un plus grand nombre de personnes. En Nouvelle-Écosse, environ 60% des ménages devraient recevoir moins que ce qu’ils ont payé, selon le rapport du DPB.

Le président du caucus libéral de la région de l’Atlantique, Kody Blois, a déclaré à la Chambre des communes que personne ne peut nier que les citoyens qui utilisent du mazout résidentiel souffrent plus que les autres.