Les candidats se bousculent pour être président de la Chambre des communes

OTTAWA — Les libéraux Alexandra Mendès et Greg Fergus,le conservateur Chris d’Entremont et la néo-démocrate Carol Hughes ont annoncé mercredi qu’ils souhaitent succéder à Anthony Rota qui a démissionné de son poste de président, la veille, pour avoir mené les parlementaires à ovationner un ancien nazi.

M. d’Entremont, qui cumule deux ans d’expérience comme vice-président de la Chambre des communes, a été le premier à se manifester. Il représente une circonscription de la Nouvelle-Écosse et il maîtrise le français.

Lors d’une mêlée de presse à son arrivée à la réunion du caucus de son parti, M. d’Entremont a expliqué qu’il souhaite qu’il y ait davantage de «décorum» en Chambre et de «respect» entre les parlementaires. Il a aussi indiqué qu’il veut «réformer» la période des questions de sorte que les élus soient «moins partisans» et qu’elle comprenne aussi «des réponses».

Autre élément qu’il entend revisiter: la façon dont les vérifications sont menées sur les personnes invitées par la Chambre. Ces recherches ne doivent plus être «juste» pour des «questions de sécurité» et devraient être «politiquement», a-t-il déclaré.

Et à son chef, Pierre Poilievre, qui à parlé du «président libéral» Anthony Rota, M. d’Entremont répond que les présidents, y compris M. Rota, ne sont pas partisans.

Des libéraux et une néo-démocrate

Alexandra Mendès, la députée de Brossard—Saint-Lambert, une circonscription de la couronne sud de Montréal, a aussi signalé au caucus libéral mercredi qu’elle sera sur les rangs, a confirmé son bureau à La Presse Canadienne.

Mme Mendès, qui est vice-présidente adjointe de la Chambre des communes depuis quatre ans, avait été candidate à la présidence en 2021, mais elle n’avait pas été victorieuse.

L’élue a décliné une demande d’entrevue. Dans une déclaration écrite transmise à La Presse Canadienne, elle insiste que ses années à la vice-présidence lui ont appris «à quel point l’expérience, les connaissances et l’humour sont une partie importante du travail».

«Je suis passionnée par la procédure parlementaire et les droits des parlementaires, écrit-elle. Et j’ai adoré ces quatre dernières années à écouter les nombreuses voix qui représentent notre pays!»

Le député de Hull-Aylmer, en Outaouais, le libéral Greg Fergus, a ensuite fait connaître son intention d’être candidat alors qu’il quittait la réunion du caucus de son parti.

Dans une brève mêlée de presse, il a affirmé croire que les règles et les traditions de la Chambre des communes qui encouragent «des débats francs et passionnés» pourraient être améliorées.

«Chacun des 338 députés a le droit d’être à la Chambre, de s’exprimer et de ne pas se laisser intimider, et de s’assurer qu’ils peuvent s’exprimer librement», a-t-il déclaré en mêlée de presse.

La néo-démocrate Carol Hughes, une autre vice-présidente adjointe de la Chambre des communes, a annoncé sa candidature en fin d’après-midi dans une lettre à l’ensemble des députés.

Mme Hugues, une Franco-ontarienne, y explique que ses fonctions des dernières années l’ont préparée à cette responsabilité tout comme l’expérience en matière de règlement des différends acquise dans le mouvement syndical avant de se lancer en politique. «J’ai appris à me concentrer sur les points communs des individus plutôt que ce qui les divise», mentionne-t-elle.

Mais surtout, Mme Hugues estime qu’après une quarantaine d’années où les hommes ont occupé la présidence, «il est temps» que le fauteuil soit occupé par une femme.

«Certains d’entre vous n’étaient même pas nés lorsque Jeanne Sauvé a pris son tour historique à la présidence, écrit-elle. À ce jour, elle n’est pas seulement la première, mais la seule femme à avoir occupé le poste de président.»

Le rôle du président est de veiller de manière impartiale au bon déroulement des affaires à la Chambre des communes et à ce que les règles parlementaires soient respectées par tous les députés.

Comme c’est habituellement le cas, aucun bloquiste n’a signalé son intention d’être candidat à la présidence.

Un président souverainiste par intérim

À l’entrée en vigueur de la démission de M. Rota à la fin de la séance de mercredi, le député du Bloc québécois Louis Plamondon deviendra président intérimaire jusqu’à ce qu’un nouveau président soit élu au mardi prochain.

Selon le règlement de la Chambre, le vote se fait au cours d’un scrutin secret où les députés doivent classer les candidats par ordre de préférence.

Le fait qu’un souverainiste occupera les fonctions de président «amuse» bien M. Plamondon. «Ça agace ben du monde. (…) Je me fais taquiner là-dessus, effectivement», a-t-il rigolé en entrevue avec La Presse Canadienne.

M. Plamondon, qui a été élu pour la première fois en 1984 dans Bécancour—Nicolet—Saurel, est le doyen de la Chambre, ce qui signifie qu’il en est le plus ancien député.

Il a raconté avoir reçu un appel mardi alors qu’il était «tout simplement au restaurant en train de prendre un petit lunch» pour l’informer que les leaders parlementaires, devant le «problème majeur» que, faute d’un président, «la Chambe ferme», voulaient à l’unanimité le nommer président par intérim.

En fait, le règlement de la Chambre précise que faute d’un président, c’est le vice-président qui doit présider l’élection.

«Mais le vice-président dit: “moi, je vais être candidat”, a raconté M. Plamondon. L’autre vice-présidente dit: “je vais être candidate aussi”. L’autre vice-présidente, c’était Mme (Alexandra) Mendès aussi, et elle l’avait été (candidate) la dernière fois, donc elle pourrait l’être.» 

Les démissions de présidents de la Chambre des communes sont rares, mais il existe des précédents. Des présidents ont démissionné en 1904, 1915, 1917 et 1984 pour être nommés ministre, sénateur ou gouverneur général. Un autre a démissionné en 1986 en raison de l’indiscipline des députés et de l’érosion du respect de la population envers le Parlement.

– Avec des informations d’Émilie Bergeron