Les conservateurs veulent qu’un comité se penche sur l’invitation à un ancien nazi

OTTAWA — Les conservateurs à Ottawa demandent qu’un comité de la Chambre des communes convoque des responsables des agences fédérales de sécurité et un membre du cabinet du premier ministre afin qu’ils viennent expliquer comment un ex-combattant ukrainien ayant servi dans une unité nazie s’est retrouvé à être ovationné par tout le Parlement canadien la semaine dernière.

Dans la motion qu’elle entend déposer jeudi devant le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires, la députée conservatrice albertaine Stephanie Kusie demande de tenir des séances durant lesquelles des représentants de la GRC, du SCRS, du Service de protection parlementaire et du Sergent d’armes de la Chambre des communes seraient entendus.

Sa demande ne fait toutefois aucune mention de l’ancien président de la Chambre Anthony Rota ou de son personnel.

M. Rota a quitté ses fonctions de président mercredi après s’être excusé d’avoir invité Yaroslav Hunka à assister au discours du président ukrainien, Volodymyr Zelensky. L’ex-combattant de 98 ans a reçu une ovation de tous les membres du Parlement, qui ne savaient pas à ce moment qu’il avait servi dans une unité nazie pendant la Seconde Guerre mondiale.

M. Rota a pris le blâme pour cette invitation, affirmant qu’il s’agissait d’une initiative personnelle, et a avoué qu’il n’avait pas mené de vérifications sur le passé militaire de M. Hunka.

Il a par la suite été révélé que M. Hunka avait combattu au sein de la Division SS Galicie, une unité de volontaires créée par les nazis pour aider à combattre l’Union soviétique.

Le premier ministre Justin Trudeau s’est officiellement excusé au nom de tous les députés mercredi après-midi, mais a toujours maintenu que l’invitation relevait uniquement de la responsabilité de M. Rota. Il a répété moult fois que ni lui ni personne de son bureau n’avait été informé à l’avance que M. Hunka figurait sur la liste des invités.

Les conservateurs insistent cependant sur le fait que M. Trudeau est «personnellement» responsable de ce qui s’est passé lors de la visite de M. Zelensky et qu’il aurait dû s’assurer que les agences de sécurité allaient faire des vérifications sur tous les invités.

«Cependant, le premier ministre a laissé cette erreur monumentale et sans précédent, qui nous couvre de honte à l’échelle mondiale, se produire à la Chambre», a dénoncé mercredi le chef conservateur Pierre Poilievre lors de la période des questions.

M. Trudeau a répliqué que M. Poilievre diffusait de fausses informations sur ce qui s’était passé, parce que «la vérité n’a pas d’importance» pour lui.

«Il déforme les faits, induit les gens en erreur et vise à créer de la confusion, le tout à des fins partisanes. C’est la seule chose qu’il sait faire», a pesté M. Trudeau.

Une grande partie du débat au Parlement porte désormais sur la manière d’éviter qu’un événement similaire se reproduise.

En entrevue, le député libéral Anthony Housefather a mentionné que, selon lui, la solution la plus simple serait de faire en sorte que tous les invités dont la présence serait soulignée lors de la visite d’un dirigeant étranger fassent l’objet d’une évaluation qui irait au-delà de la simple évaluation des risques de sécurité.

L’objectif serait donc de demander à la GRC et au SCRS de fournir quelques informations sur la personne en question aux députés afin qu’ils puissent décider en toute connaissance de cause si cet invité doit être reconnu par les élus.