Les universités anglophones veilleront à ce que les étudiants maîtrisent le français

MONTRÉAL — Les universités anglophones du Québec affirment qu’elles veilleront à ce qu’un plus grand nombre d’étudiants d’autres provinces obtiennent leur diplôme avec une connaissance du français, si le gouvernement ne double pas leurs frais de scolarité.

Les directeurs des universités McGill, Concordia et Bishop’s ont fait cette proposition au premier ministre du Québec, François Legault, et à la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, lundi, lors d’une rencontre à Montréal.

Ils ont été convoqués à la réunion après que le gouvernement a récemment annoncé qu’il augmenterait les frais de scolarité pour les étudiants hors province d’environ 9000 $ à 17 000 $, afin de protéger le français.

Le président de l’Université Concordia, Graham Carr, a qualifié la réunion de lundi de «constructive», et a déclaré que lui et ses collègues avaient été informés que le gouvernement réagirait bientôt.

«Les trois universités s’engagent à être un allié en termes de francisation des populations étudiantes qui ne parlent pas français sur nos campus. On a eu des discussions franches relativement à cette proposition-là», a pour sa part affirmé le principal et vice-chancelier de l’Université Bishop’s, Sébastien Lebel-Grenier, lors d’une mêlée de presse à la suite de la rencontre.

Dans un courriel envoyé au personnel de l’université, l’Université Concordia a indiqué que le plan comprendrait un cours de français obligatoire pour les étudiants hors province, ainsi que des activités obligatoires de français langue seconde destinées à les aider à s’intégrer à la culture et au marché du travail québécois.

Cependant, quelques heures après la réunion à Montréal, la ministre de l’Enseignement supérieur a laissé entendre que le gouvernement souhaitait uniquement faire une exception pour l’Université Bishop’s, la plus petite des trois, avec une population de moins de 3000 étudiants à temps plein.

«La rencontre a donné lieu à des discussions franches. Les recteurs ont reconnu le déclin du français au Québec, particulièrement à Montréal, et l’importance d’agir pour renverser la tendance. On s’en réjouit», a réagi par écrit le cabinet de la ministre Déry.

«Maintenant, on reste fermes sur nos principes : ce n’est pas aux contribuables québécois de financer la formation de milliers d’étudiants canadiens hors Québec», a-t-il ajouté, faisant référence à l’affirmation du gouvernement selon laquelle les frais de scolarité actuels de 9000 $ représentent environ la moitié de ce qu’il coûte à la province d’éduquer un étudiant universitaire.

«On va poursuivre nos discussions avec les universités anglophones et trouver une solution spécifique à la réalité de Bishop’s.»

La petite université de premier cycle de Sherbrooke a déclaré qu’elle pourrait fermer ses portes si la hausse des frais de scolarité incite les étudiants de l’extérieur de la province, qui représentent près du tiers de sa population étudiante, à aller ailleurs.

Les trois universités ont indiqué qu’elles viseraient à garantir que 40 % des étudiants non francophones inscrits dans un programme de premier cycle atteignent un niveau de français intermédiaire au moment où ils obtiendront leur diplôme.

Le premier ministre Legault a affirmé que 25 % des étudiants universitaires de la province fréquentent des universités anglophones, ce qui est «un peu trop».

M. Carr a dit qu’environ 70 % des étudiants de l’Université Concordia — la plus grande école de langue anglaise de la province — viennent du Québec et que l’université estime qu’environ les trois quarts de ses étudiants sont déjà bilingues.

«Nous sommes des universités qui ne servent pas exclusivement la communauté anglophone du Québec, nous servons la société québécoise, la société québécoise dans son ensemble», a soutenu M. Carr.

Il estime qu’entre 9 % et 10 % du budget de fonctionnement de son école devraient être supprimés si l’augmentation se concrétise.

«C’est vraiment très grave pour nous, pas seulement d’un point de vue financier, c’est très grave pour nous en termes de façon dont nous sommes perçus au niveau national et international», a-t-il déclaré.

L’Université McGill, quant à elle, estime que la hausse des frais de scolarité pourrait entraîner la suppression de 700 emplois et la fermeture de son école de musique.