L’ombudsman ontarien réclame plus d’inspections dans les foyers pendant une pandémie

TORONTO — Le ministère des Soins de longue durée de l’Ontario doit garantir que des «inspections sur place» des foyers de soins puissent avoir lieu lors d’une future pandémie et que les inspecteurs puissent agir immédiatement lorsque les résidants risquent de subir un préjudice grave et continu, a déclaré jeudi l’ombudsman de la province.

Dans son rapport d’enquête sur la surveillance des foyers de soins de longue durée pendant la pandémie, l’ombudsman Paul Dubé écrit que son enquête a révélé «des problèmes avec presque tous les aspects de la façon de faire de la Direction de l’inspection durant la première vague de la COVID-19», en 2020.

M. Dubé a souligné jeudi que le ministère des Soins de longue durée n’avait ni plan ni lignes directrices sur la façon de procéder aux inspections pendant une pandémie. Ainsi, pendant sept semaines, de la mi-mars au début de mai 2020, aucune «inspection sur place» n’a été effectuée alors qu’affluaient les signalements faisant état d’éclosions et de risques pour la santé des résidants et du personnel à l’intérieur des foyers, souligne l’ombudsman.

Il déplore aussi que les inspecteurs n’avaient pas accès à des équipements de protection individuelle ni à une formation en matière de prévention et de contrôle des infections.

M. Dubé a déclaré jeudi que de nombreux inspecteurs avaient été déployés pour «soutenir» les foyers de soins plutôt que d’y faire respecter la loi, et qu’ils ont parfois accordé des sanctions réduites aux gestionnaires.

Il déplore aussi que les foyers ont eu plusieurs mois pour résoudre des problèmes importants qui posaient un risque sérieux de préjudice aux résidants, alors que les mesures prises étaient souvent documentées dans des rapports confus ou mal rédigés.

«Le manque d’inspections, de rapports et d’application de la loi a eu pour conséquence directe un manque de protection des résidants et du personnel ainsi qu’un manque de responsabilisation à l’égard du système», a-t-il estimé.

Le bureau de l’ombudsman a été «submergé par 269 plaintes et demandes de renseignements» de familles de résidants de foyers de soins de longue durée, d’employés et d’autres personnes du secteur. Son rapport comprend des cas, anonymisés, de familles qui demandaient de l’aide.

Ainsi, une personne s’est plainte au ministère à quatre reprises, entre le 6 avril et le 5 mai 2020, au sujet des «conditions inquiétantes» dans le foyer de soins de sa mère, mais ses préoccupations n’ont été examinées qu’en octobre, plusieurs mois après le décès de sa mère, emportée par la COVID-19. Or, «il y a eu au total 53 décès dans ce foyer durant la première vague», lit-on dans le rapport de l’ombudsman.

Parmi ses 76 recommandations, M. Dubé exhorte notamment le ministère des Soins de longue durée à s’assurer qu’il dispose toujours de personnel disponible pour les inspections sur place, qu’il fournisse aux inspecteurs de l’équipement de protection individuelle adéquat et qu’il s’assure que les inspecteurs se rendent sur place à la suite de toute plainte alléguant qu’un résidant court un risque immédiat ou un préjudice grave, au lieu de mener éventuellement une enquête.

Le ministère a déclaré qu’il acceptait toutes les recommandations et qu’il avait déjà mis en œuvre entièrement ou partiellement plus de la moitié d’entre elles, notamment en doublant le nombre d’inspecteurs.

«La COVID-19 a été un événement mondial sans précédent avec des impacts dévastateurs sur les foyers de soins de longue durée du monde entier», a écrit le nouveau ministre responsable, Stan Cho, dans un communiqué.

«Les leçons tirées de cette expérience nous ont permis d’agir en créant une nouvelle unité d’enquête qui peut donner lieu à des accusations si nécessaire et en introduisant de nouvelles amendes pour les mauvais acteurs.»