Ruba Ghazal veut que QS courtise les banlieues et les travailleurs du secteur privé

QUÉBEC — S’il veut continuer de progresser, Québec solidaire (QS) doit courtiser les gens des banlieues et les travailleurs du secteur privé, estime la candidate au poste de porte-parole Ruba Ghazal.

Les résultats du parti aux dernières élections générales ont déçu, et QS a échoué à faire augmenter ses appuis lors de l’élection partielle qui s’est tenue lundi dernier dans Jean-Talon, à Québec.

En entrevue avec La Presse Canadienne, Ruba Ghazal affirme qu’un travail de fond reste à faire, pas seulement dans les régions, mais dans les banlieues, des endroits trop longtemps négligés par son parti. 

C’est justement là où habitent une majorité des travailleurs d’usine du secteur privé, illustre-t-elle. La candidate de 45 ans étant elle-même issue de ce milieu, elle plaide qu’elle est la mieux placée pour les courtiser.

«J’ai une expérience de 15 ans de gestionnaire (…) dans des usines manufacturières en banlieue de Montréal. (…) Ces gens-là (…) ne veulent pas qu’on bouleverse trop leurs entreprises», dit-elle avoir constaté.

«Ce qui est perçu par ces travailleurs, surtout s’ils travaillent dans des industries polluantes, c’est qu’on va leur faire perdre leur emploi, (…) qu’on va s’attaquer à leur mode de vie de banlieusard.»

Mme Ghazal, qui a grandi à Laval, assure que ce n’est pas l’intention. Elle pense d’ailleurs avoir le profil pour «connecter» avec ceux qui ont carrément «peur» de son parti ou qui le trouvent «trop idéal».

«Je suis la seule qui peut faire cette connexion-là de par mon expérience de travail (…) et je viens des banlieues.»

Ses adversaires dans la course, Christine Labrie et Émilise Lessard-Therrien, sont associées respectivement à la ville (Sherbrooke) et à la ruralité (Abitibi-Témiscamingue).

Les banlieusards veulent eux aussi «un environnement sain, de l’air pur pour leurs enfants, aller dans la nature» et du transport en commun, souligne Ruba Ghazal qui pense avoir trouvé des voies de rapprochement.

Elle prend l’exemple du service de voitures partagées Communauto. «Le gouvernement peut faire en sorte qu’il y ait toutes sortes de transports, (…) comme ça, les gens pourraient avoir une voiture de moins», illustre-t-elle.

QS, ce n’est pas seulement des «métros et des tramways», dit-elle.

Lors de la dernière campagne électorale, le parti avait notamment proposé de taxer les véhicules polluants, ce qui lui avait attiré une avalanche de critiques. Il a depuis déclaré qu’il reverrait cette proposition.

QS avait perdu des points de pourcentage dans 45 circonscriptions rurales ou de banlieues.

Par ailleurs, Mme Ghazal — dont le slogan est «Pour une porte-parole nationale» — propose de se défaire de l’étiquette de «parti de jeunes» et d’aller rejoindre la génération X, c’est-à-dire les 35 à 55 ans. 

«Moi, dans moins de cinq ans, je vais avoir 50 ans. (…) Il y a un potentiel d’aller les chercher un peu plus. Ils habitent en banlieue, ils travaillent dans des entreprises comme celle où j’ai travaillé», a-t-elle souligné.

Malgré qu’il n’ait pas réussi à faire des gains significatifs en 2022, Gabriel Nadeau-Dubois — «le meilleur orateur de sa génération» — reste la personne tout indiquée avec qui faire ce travail de fond, selon elle.

Longueur d’avance?

La députée de Mercier, qui dit également placer la souveraineté au coeur de son action politique, rappelle qu’elle est la seule candidate à avoir publié une plateforme en bonne et due forme.

Par contre, La Presse Canadienne rapportait la semaine dernière que Mme Labrie a été la première à déposer son dossier de candidature, avec 500 signatures récoltées dans six régions et 20 circonscriptions.

«Je trouve ça très motivant d’avoir réussi à récolter les signatures aussi rapidement», s’était alors réjouie Mme Labrie. Le camp Ghazal accuse-t-il un retard dans la course? «Pas du tout», répond Mme Ghazal.

«J’ai commencé à faire du pointage et il y a beaucoup de gens qui hésitent encore. (…) Les gens nous disent: « Ah, si on pouvait vous cloner toutes les trois et en faire une, on serait bien heureux »», relate-t-elle.

Un premier débat national entre les candidates est prévu le 29 octobre prochain, à Trois-Rivières.

La porte-parole féminine de QS sera élue à l’occasion du congrès du parti, qui se déroulera du 24 au 26 novembre, à Gatineau. Elle remplacera Manon Massé, qui a récemment subi une chirurgie cardiaque.

Le vote se fera par le biais de délégués en provenance des différentes associations solidaires.