Suncor s’oppose à ce qu’un de ses projets en Alberta soit analysé de nouveau

Le géant des sables bitumineux Suncor estime que rouvrir le débat sur l’exploitation d’une zone humide pour laquelle il avait déjà reçu des approbations équivaudrait à tomber dans le piège des militants écologiques et nuirait au développement énergétique de l’Alberta.

En avril, le Régulateur de l’énergie de l’Alberta, une société d’État qui a le mandat de gérer le développement énergétique dans la province, a décidé de revoir les autorisations qu’il avait accordées l’automne dernier à Suncor pour exploiter une partie du lac McClelland.

Cette vaste zone humide, située à environ 90 kilomètres au nord de Fort McMurray, a même déjà fait l’objet de discussions pour être classée comme zone protégée.

Le régulateur a fait volte-face concernant les autorisations à la suite du dépôt, ce printemps, d’études de groupes environnementaux qui soutenaient que les plans de Suncor endommageraient la zone humide et libéreraient des milliers de tonnes de carbone.

Toutefois, dans des documents déposés jeudi, Suncor a affirmé que poursuivre les analyses donnerait à ces groupes un moyen de contester des décisions déjà prises, ajoutant un processus inutile et retardant le développement du projet.

«Accéder à la demande des groupes appuierait leur stratégie, qui semble être de saper le système de réglementation de l’Alberta et de créer un précédent déconcertant par lequel les demandeurs pourraient utiliser les pouvoirs de réexamen (du Régulateur de l’énergie de l’Alberta) pour boycotter intentionnellement ses processus», a plaidé Suncor.

L’entreprise a fait valoir que cela permettrait également à des groupes d’intervenir dans le processus alors qu’autrement, ils ne seraient pas autorisés à le faire.

Suncor maintient que ses plans, qui comprennent la construction d’un mur jusqu’à 70 mètres de profondeur entre les parties exploitées et non exploitées de la zone humide, sont respectueux de l’environnement et dans l’intérêt public.

L’entreprise propose aussi d’installer un ensemble complexe de puits et de pompes pour contrôler et surveiller les niveaux d’eau et les éléments chimiques.

Les groupes qui s’opposent au projet, notamment l’Alberta Wilderness Association, soutiennent toutefois que la stratégie de Suncor n’a pas été testée et demeure risquée.

Le complexe du lac McClelland comprend 60 kilomètres carrés dans deux grandes zones humides productrices de tourbe comprenant de longues chaînes d’arbres et d’arbustes séparés par des bassins étroits.

Vingt espèces et communautés végétales rares ou menacées y vivent. Plus de 200 espèces d’oiseaux migrateurs, y compris des grues blanches en voie de disparition, l’utilisent comme halte.

Les Premières Nations l’utilisent depuis des siècles, c’est pourquoi l’Alberta Wilderness Association demande sa protection complète.

À l’origine, il était interdit de faire de l’exploitation dans ce secteur. Cette interdiction a toutefois été levée en 2002 lorsqu’un bail pour les sables bitumineux a été signé par True North Energy.

La zone humide recouvre environ un milliard de barils de bitume.