Un gardien du savoir secwépemc dénonce le nouveau tracé de Trans Mountain

OTTAWA — Une loi de la Première Nation Secwépemc, appelée X7ensq’t, dit que si vous manquez de respect à la terre et n’en prenez pas soin correctement, la terre et le ciel se retourneront contre vous.

«C’est une loi sérieuse», a déclaré Mike McKenzie, un gardien du savoir secwépemc, disant qu’il se demandait «jusqu’où» les gens voulaient aller en violant cette loi.

M. McKenzie parlait de Trans Mountain Corporation, qui a repris la semaine dernière la construction près de Pípsell, ou Jacko Lake, près de Kamloops, en Colombie-Britannique, après que la Régie de l’énergie du Canada a approuvé une modification du tracé du pipeline Trans Mountain.

M. McKenzie, qui a vivement critiqué l’expansion du pipeline, a soutenu que la destruction du site est une continuation du génocide culturel des autochtones.

«Sans cet endroit, nous perdons une grande partie de nous-mêmes», a affirmé M. McKenzie, qui a souligné que l’histoire de la création des Secwépemc se déroulait à Pípsell, et que leurs lois et coutumes étaient nées de cette terre.

«C’est notre Vatican. C’est notre Notre-Dame. C’est un endroit qui donne à notre peuple une identité et qui a permis à notre peuple de rester ancré depuis des temps immémoriaux.»

La Régie de l’énergie du Canada a approuvé la demande de Trans Mountain visant à modifier le tracé du pipeline à la fin du mois de septembre. Une décision, qui pourrait épargner au projet de pipeline appartenant au gouvernement un retard supplémentaire de neuf mois.

L’organisme de réglementation a rendu sa décision une semaine seulement après avoir entendu les plaidoiries de Trans Mountain et de la Nation Stk’emlúpsemc te Secwépemc, qui s’opposait au changement de tracé.

La nation autochtone a déclaré que le couloir près du lac Jacko avait «une profonde importance spirituelle et culturelle» et, bien qu’elle ait soutenu le projet dans son ensemble, elle n’a pas approuvé la demande de déviation. Elle a aussi indiqué qu’elle avait consenti à la construction qu’en premier lieu, étant entendu que l’entreprise minimiserait les perturbations en surface.

Une réponse écrite que la nation Stk’emlúpsemc te Secwépemc a fournie au régulateur a déclaré qu’un changement dans la méthodologie de construction causerait «un préjudice important et irréparable» à sa culture.

Il y était aussi écrit que la nation n’avait pas fourni de consentement libre, préalable et éclairé pour la déviation du tracé, comme le prescrit la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.

Elle a précisé au régulateur fédéral en 2018, alors que le projet d’agrandissement de Trans Mountain était encore en cours d’approbation, que Pípsell était un «lieu culturel clé et un site sacré».

Trans Mountain a affirmé que le changement de tracé était nécessaire, parce que l’entreprise rencontrait des difficultés techniques dans la zone liée à la construction d’un tunnel.

L’organisme de réglementation a finalement décidé que le tracé du pipeline pourrait s’écarter de ce qui était initialement prévu pour un tronçon de 1,3 kilomètre, et que l’entreprise pourrait modifier sa méthode de construction pour cette section.

L’entreprise a confirmé mercredi avoir repris les travaux sur le site de Pípsell.

Elle a déclaré dans un communiqué qu’elle reconnaissait que le secteur a une «importance sacrée» et qu’elle «s’engageait à rester respectueuse de l’importance spirituelle et culturelle de cette terre».

Toutefois, M. McKenzie, s’exprimant souvent en larmes, a dit qu’il était dévasté d’apprendre la nouvelle de la reprise des travaux.

Il a affirmé que le projet va à l’encontre de la réconciliation avec les peuples autochtones et de la réputation du Canada en tant que «lieu modèle» pour ce à quoi pourraient ressembler de meilleures relations.

«Nous avons montré au monde que nous pouvons nous réconcilier et que nous pouvons travailler ensemble sur la base de quelque chose de bon», a évoqué M. McKenzie.

Il a cependant soutenu que la décision récente et le fait que la communauté n’ait pas donné son consentement vont à l’encontre de cela.

«Le fait qu’ils vont profaner un site sacré, après tout le travail que nous avons fait, me dit qu’ils ne sont pas du tout sérieux en matière de réconciliation.»