Un groupe acadien indigné veut un examen du leadership du premier ministre du N.-B.

FREDERICTON — La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick accuse le premier ministre Blaine Higgs d’abdiquer ses responsabilités envers le bilinguisme officiel.

Dans une lettre ouverte cinglante publiée mercredi, le groupe a appelé le Parti progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick à procéder à un examen de la direction de M. Higgs, suggérant que le premier ministre est devenu extrêmement impopulaire dans la seule province officiellement bilingue du Canada.

La lettre est signée par plus de 40 personnes, la plupart représentant des organismes francophones, des syndicats, des municipalités et une Première Nation.

«Les tentatives du premier ministre Blaine Higgs de se désengager de ses responsabilités en matière de bilinguisme officiel nous préoccupent beaucoup, indique la lettre. En termes clairs, cette stratégie de division est inacceptable de la part du premier ministre de notre belle province.»

Le bureau du premier ministre n’a pas pu être joint dans l’immédiat pour réagir. 

L’association a entre autres accusé M. Higgs de semer la discorde entre les communautés linguistiques et culturelles, de se présenter comme une victime du bilinguisme et de manquer de respect pour les communautés acadiennes et francophones de la province ainsi que ses premières nations Mi’kmaq et Wolastoqey.

La lettre critique en particulier la récente révision par le premier ministre de la Loi sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick et sa proposition d’introduire un nouveau programme d’immersion en français qui réduirait le temps que les élèves du primaire passent à apprendre en français. Les actions du premier ministre ont entraîné une perte de confiance dans sa capacité à diriger la province, a déclaré le groupe acadien.

La lettre contenait également une longue liste de récriminations concernant plusieurs autres problèmes, notamment des changements dans les deux autorités sanitaires de la province, dont l’une qui supervise le réseau francophone.

«En ces temps difficiles, il est essentiel d’avoir un premier ministre rassembleur qui comprend vraiment les besoins de tous les Néo-Brunswickois, indique la lettre. Plus que jamais, nous avons besoin d’un premier ministre qui puisse donner de l’espoir à tous les Néo-Brunswickois, peu importe leur communauté linguistique ou leurs origines.»

Le mois dernier, l’éternel débat linguistique au Nouveau-Brunswick a pris une nouvelle ampleur lorsque M. Higgs a affirmé que le programme d’immersion française de la province avait échoué.

Lors d’une récente conférence de presse, il a déclaré qu’au cours des 50 dernières années, 72% des étudiants anglophones n’avaient pas réussi à devenir bilingues à la fin de leurs études. Et un examen de 2021 de la Loi sur les langues officielles a montré que plus de 60% des élèves du système scolaire anglophone n’étaient pas inscrits au programme, ce qui rendait leurs compétences en français «extrêmement» faibles.

À ce moment, le président de la Société de l’Acadie, Alexandre Cédric Doucet, a répondu en suggérant que le programme d’immersion est une réussite canadienne que M. Higgs «veut réduire».

«Je pense qu’une attaque contre le programme d’immersion française est une attaque contre les langues officielles», a soutenu M. Doucet.