Un permis d’exploration gazière et pétrolière refusé par la Nouvelle-Écosse et Ottawa
HALIFAX — Le rejet d’une offre de 1,5 million $ visant à relancer l’exploration pétrolière et gazière au large de la Nouvelle-Écosse ne signifie pas nécessairement qu’il n’y aura plus de projets à l’avenir, a déclaré le ministre fédéral des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson.
Mais le ministre a déclaré mardi en entrevue qu’une décision conjointe avec le gouvernement de la Nouvelle-Écosse d’opposer son veto à un permis d’exploration octroyé par l’Office Canada-Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers indique que le seuil pour un développement pétrolier et gazier important est désormais plus élevé, compte tenu de la lutte mondiale contre le changement climatique.
«Ça ne veut pas dire qu’il n’y aura jamais d’approbations, mais il nous incombe d’évaluer ces projets et de nous assurer qu’ils sont bons du point de vue de la politique publique», a déclaré M. Wilkinson. Il a ajouté qu’il n’est actuellement pas envisagé d’interdire tout développement pétrolier et gazier extracôtier.
«Je pense que c’est le marché qui décidera de ces questions, a déclaré le ministre fédéral. À ce stade, nous n’avons pas l’intention d’imposer un quelconque moratoire.»
L’Office Canada-Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers avait approuvé en octobre la demande de permis de prospection présentée par la société Inceptio pour une parcelle en eau peu profonde du talus néo-écossais et du banc de l’île de Sable. Mais l’offre de la société britannique était sujette à l’approbation des ministres fédéral et provincial des Ressources naturelles, qui se sont finalement prononcés contre, dans une décision rendue publique lundi soir.
Si elle avait été approuvée, l’offre d’Inceptio aurait relancé les initiatives d’exploration pétrolière et gazière au large de la Nouvelle-Écosse. En 2018, la production a été définitivement arrêtée au projet «Sable Offshore Energy» d’ExxonMobil et au projet «Deep Panuke» d’Encana, qui étaient les seuls champs de gaz naturel extracôtiers producteurs de la Nouvelle-Écosse.
La décision ministérielle est intervenue après que le ministre fédéral de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, a suspendu le 2 novembre dernier le permis de prospection de l’Office, afin de «poursuivre le dialogue» avec les intervenants.
Il a déclaré que le désir de développer des scénarios d’énergie renouvelable, les préoccupations environnementales et le montant de l’offre avaient été des facteurs déterminants dans la décision finale.
«L’offre qui a été reçue était une très petite offre, a souligné M. Wilkinson. Cela soulève des questions sur le niveau de risque et le niveau de complexité que vous êtes prêt à accepter (…) pour une très petite somme d’argent.»
Changement de mandat pour l’Office
Une coalition d’organismes environnementaux et communautaires a salué mardi la décision d’Ottawa et du gouvernement de la Nouvelle-Écosse. Gretchen Fitzgerald, de la Fondation Sierra Club, a qualifié mardi le veto ministériel de «décision vraiment sage de la part de nos dirigeants élus».
«Il s’agit d’un moment vraiment important et nous pensons qu’il indique le grand changement qui va se produire au Canada atlantique pour faire face de front au changement climatique», a déclaré Mme Fitzgerald.
Le Sierra Club, ainsi que l’Ecology Action Centre, l’East Coast Environmental Law Association et l’Offshore Alliance, soutenaient que les dynamitages et les forages sismiques entre l’île de Sable et la zone de protection marine du Gully pourraient affecter la vie marine, notamment les baleines à bec communes.
Les écologistes réclamaient également une approche cohérente face au changement climatique, car de nombreux pays se sont engagés à réduire l’utilisation de combustibles fossiles, comme le pétrole et le charbon. «La science montre très clairement que l’exploitation pétrolière et gazière n’est pas compatible avec un climat sûr», a déclaré Mme Fitzgerald.
Le ministre Wilkinson et son homologue de la Nouvelle-Écosse, Tory Rushton, indiquent que dans le cadre de leur décision lundi, ils vont établir un régime réglementaire commun pour l’énergie renouvelable en mer, en modifiant les lois de l’Accord atlantique pour élargir le mandat de l’Office, «afin qu’il puisse réglementer et permettre le développement d’un secteur de l’énergie éolienne en mer en Nouvelle-Écosse».
L’Office avait lancé en septembre 2022 un appel d’offres pour huit parcelles en mer et n’en a reçu que deux; il n’en a approuvé qu’un seul, celui d’Inceptio, en octobre. À 1,5 million $, l’offre était modeste par rapport aux normes de l’industrie et représentait le montant d’argent qu’Inceptio avait l’intention de dépenser au cours des six premières années du permis d’exploration de neuf ans.
L’Office a indiqué mardi que le dépôt de soumission versé par l’entreprise serait restitué et que la parcelle en mer resterait une terre de la Couronne.
Dans un courriel, l’Office a assuré qu’il «continuait de servir d’organisme de réglementation des activités pétrolières et gazières dans la zone extracôtière Canada-Nouvelle-Écosse». Mais l’agence indique qu’elle se prépare à l’élargissement de son mandat pour devenir l’organisme de réglementation de l’«énergie extracôtière» Canada-Nouvelle-Écosse.