Une équipe de l’Université McGill est sur la piste d’une «super patate»

MONTRÉAL — Une équipe de l’Université McGill est sur la piste d’une «super patate» après avoir analysé le code génétique de quelque 300 variétés de pommes de terre et de leurs cousines sauvages.

Le super pangénome que les chercheurs ont ainsi assemblé regroupe les caractéristiques génétiques d’une soixantaine d’espèces de pommes de terre. Cette analyse pourrait un jour mener à la culture d’une «super patate» plus résistante et plus nutritive que jamais.

«Fondamentalement, notre travail nous indique où dans l’arbre généalogique (de la pomme de terre) on devrait chercher une diversité génétique que les cultivateurs pourraient utiliser pour produire de meilleures récoltes», a expliqué l’auteure de l’étude publiée par le journal scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences, la professeure Martina Strömvik.

«Où est-ce qu’on pourrait trouver du matériel génétique pour résister à la sécheresse ou au froid? Où est-ce qu’on trouve différents gènes pour résister aux pathogènes ou aux insectes nuisibles?»

Les variétés sauvages, a dit la professeure Strömvik, peuvent être riches en informations à ce sujet, notamment en nous indiquant quels gènes sont essentiels pour s’adapter aux changements climatiques et aux conditions météorologiques extrêmes.

Le super pangénome assemblé par les chercheurs montréalais pourrait donc révéler quels gènes mèneraient au développement d’une pomme de terre capable de résister aussi bien aux maladies qu’à la météo extrême.

«Prenons l’exemple de la tempête de verglas que nous avons eu ici au Québec au printemps, a dit la professeure Strömvik. Si les pommes de terre avaient déjà été plantées, est-ce qu’elles auraient survécu ou bien seraient-elles mortes? Ce sont vraiment des choses auxquelles nous devons nous intéresser.»

L’incorporation des gènes pertinents pourrait aussi mener à la création de pommes de terre qui se conservent plus longtemps ou encore qui sont plus nutritives pour les millions de personnes dont l’alimentation en dépend.

Peut-on alors envisager, un jour, la création d’une «super patate»?

«Même si on essaie de créer une super pomme de terre capable de résister à tout, la nature va toujours trouver le moyen de mêler les cartes, a répondu en riant la professeure Strömvik. On essaie plutôt de trouver comment différentes variétés pourraient pousser dans différentes conditions.»

Les pommes de terre, en compagnie du riz et du blé, comptent parmi les cultures les plus populaires et les plus répandues à l’échelle de la planète, ce qui en fait donc la culture non céréalière la plus populaire.

Lorsqu’elles sont cuites avec la pelure, les pommes de terre sont une bonne source de vitamines et de minéraux, notamment de vitamine C et de potassium.

Des données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture révèlent que le Canadien moyen a consommé 68,2 kilos de pommes de terre en 2020. Les trois premières places mondiales étaient occupées par le Bélarus, l’Ukraine et le Kazakhstan.

L’Irlande, le pays possiblement le plus associé à la pomme de terre dans l’imaginaire populaire, arrivait seulement en 30e position avec une consommation moyenne de 60,7 kilos par habitant en 2020.

La même agence onusienne indique que la Chine (94,3 millions de tonnes métriques), l’Inde (54,2 millions de tonnes métriques) et l’Ukraine (21,4 millions de tonnes métriques) étaient les principaux pays producteurs de pommes de terre en 2021.

Le Canada arrivait en 12e position avec 6,4 millions de tonnes métriques, soit environ 2 % de la production mondiale totale. L’Île-du-Prince-Édouard produit à elle seule environ le quart de toutes les pommes de terre canadiennes.