Franz Beckenbauer, une légende du soccer allemand, rend l’âme à l’âge de 78 ans

MUNICH — Franz Beckenbauer, qui a remporté la Coupe du monde en tant que joueur et entraîneur et qui est devenu l’une des personnalités les plus aimées d’Allemagne en raison de son charme et de son côté bon enfant, est décédé. Il avait 78 ans.

La mort de Beckenbauer a d’abord été annoncée par une déclaration de sa famille à l’agence de presse allemande dpa, puis confirmée par la Fédération allemande de football.

«C’est avec une profonde tristesse que nous annonçons que mon mari et notre père, Franz Beckenbauer, est décédé paisiblement dans son sommeil hier, dimanche, entouré de sa famille», ont déclaré les membres de la famille dans son communiqué.

«Nous demandons qu’on nous laisse faire notre deuil en paix et qu’on nous épargne toute question.»

Le communiqué ne précise pas la cause du décès. L’ancien joueur du Bayern Munich, surnommé affectueusement le «Kaiser» — ou l’«Empereur» — avait connu des problèmes de santé ces dernières années.

Beckenbauer a été l’une des figures centrales du soccer allemand. En tant que joueur, il a réimaginé le rôle du défenseur au soccer et a permis à l’Allemagne de l’Ouest, à titre de capitaine, de remporter la Coupe du monde en 1974, après avoir perdu contre l’Angleterre lors de la finale de 1966.

Il était le sélectionneur lorsque l’Allemagne de l’Ouest a de nouveau remporté le tournoi en 1990, un moment symbolique pour un pays en pleine réunification, quelques mois après la chute du mur de Berlin.

«Le ‘Kaiser’ a été l’un des meilleurs joueurs que notre sport n’ait jamais connu», a déclaré Bernd Neuendorf, président de la Fédération allemande de football.

«Avec sa légèreté, son élégance et sa vision, il a établi des normes sur le terrain. … Franz Beckenbauer laisse un grand héritage à la Fédération et au football dans son ensemble.»

Le décès de Beckenbauer survient deux jours après l’annonce de la mort, à l’âge de 92 ans, de Mario Zagallo, le Brésilien qui est devenu la première personne à remporter la Coupe du monde en tant que joueur et en tant qu’entraîneur. Le seul autre à avoir réussi cet exploit est le Français Didier Deschamps.

Beckenbauer a également contribué à l’organisation de la très réussie Coupe du monde 2006 en Allemagne, même si son héritage a été terni par la suite par des allégations selon lesquelles il n’aurait réussi à obtenir les droits d’organisation qu’avec l’aide de pots-de-vin. Il a nié ces allégations.

«Nous ne voulions corrompre personne et nous n’avons corrompu personne», a écrit Beckenbauer, qui dirigeait le comité d’organisation de la Coupe du monde, dans sa dernière chronique pour le tabloïd Bild en 2016.

Cette année-là, Beckenbauer et trois autres membres du comité ont été officiellement considérés comme des suspects criminels par des procureurs suisses qui soupçonnaient une fraude dans l’objectif réel des paiements de plusieurs millions d’euros (dollars) qui liaient la Coupe du monde 2006 à la FIFA.

Mais il n’a finalement pas été inculpé en 2019 pour des raisons de santé et l’affaire s’est terminée sans jugement lorsque le délai de prescription a expiré en 2020, en raison des retards du système judiciaire causés par la pandémie de coronavirus.

En 2014, Beckenbauer a été brièvement suspendu par la commission d’éthique de la FIFA de toute activité liée au football pour ne pas avoir coopéré avec l’enquête du procureur Michael Garcia sur la corruption présumée dans les votes pour les Coupes du monde 2018 et 2022. La suspension a été levée lors de la Coupe du monde 2014 au Brésil lorsqu’il a accepté de coopérer.

Ces allégations ont porté atteinte à la réputation de Beckenbauer dans l’opinion publique, pour la première fois. Jusqu’alors, Beckenbauer semblait incapable de dire ou de faire quoi que ce soit de mal. Les Allemands l’aimaient, tout simplement.

«Il a fait tout ce qu’un Allemand n’est pas censé faire», a déclaré un jour Paul Breitner, ancien coéquipier du Bayern Munich, à propos de celui que l’on surnommait «Der Kaiser».

«Il a divorcé, il a quitté ses enfants, il est parti avec sa petite amie, il a eu des problèmes avec les percepteurs d’impôts, il a quitté sa petite amie à nouveau.

«Mais on lui pardonne tout parce qu’il a bon cœur, qu’il est positif et qu’il est toujours prêt à aider. Il ne cache pas ses faiblesses, ne met pas ses erreurs sous le tapis», avait alors mentionné Breitner.

Né le 11 septembre 1945, quelques mois après la capitulation de l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, Beckenbauer a étudié pour devenir vendeur d’assurances, mais il a signé son premier contrat professionnel avec le Bayern à l’âge de 18 ans.

«On ne naît pas à Giesing pour devenir une star mondiale. Pour moi, le football a été une délivrance. Avec le recul, je peux dire que tout s’est passé comme je l’avais prévu. Tout s’est déroulé comme je l’avais imaginé. J’ai eu une vie parfaite», a déclaré Beckenbauer au journal Sueddeutsche en 2010.

Beckenbauer a personnalisé le poste de «libero», le défenseur nominal qui se déplaçait souvent vers l’avant pour menacer le but adverse, un rôle aujourd’hui pratiquement disparu du soccer moderne et rarement vu avant son époque.