La Russie et le CIO se disputent lors du vote pour la trêve olympique à l’ONU

Le conflit entre la Russie et le Comité international olympique a envahi les Nations unies, mardi, avant que 118 membres votent en faveur de l’adoption de la trêve traditionnelle durant les Jeux olympiques d’été de Paris en 2024.

Il y a deux ans, la Russie a voté en faveur de la trêve olympique avant de l’enfreindre en commençant l’invasion de l’Ukraine quatre jours après la fin des Jeux olympiques d’hiver de Pékin, en 2022.

Depuis, les relations entre les dirigeants russes et le président du CIO, Thomas Bach, ne sont plus au beau fixe même si le CIO a adouci sa position concernant l’exclusion des athlètes russes en encourageant les fédérations sportives de permettre à certains athlètes de participer aux compétitions sous une bannière neutre.

Ces conditions demeurent «complètement inacceptables», selon la diplomate russe Maria Zabolotskaya, qui a pris la parole avant Bach à l’ONU, mardi.

«L’apogée de l’hypocrisie et du cynisme, à un niveau jamais vu dans l’histoire récente, est l’interdiction illégale concernant la participation des athlètes russes dans les événements sportifs internationaux», a dit Zabolotskaya, une représentante permanente de la Russie à l’ONU.

Seulement la Russie et la Syrie se sont abstenues de voter et 118 des 193 membres de l’ONU — incluant Israël, l’Ukraine et les États-Unis — ont voté en faveur de la motion proposée par la France, pays hôte de l’événement. Il y a deux ans, 173 membres avaient approuvé la motion.

La trêve olympique est la version moderne de la tradition grecque selon laquelle les athlètes recevaient un droit de passage à travers les cités-États en guerre pour se rendre aux jeux. Elle sera valide du 19 juillet au 15 septembre, soit de sept jours avant l’ouverture des Jeux olympiques à sept jours après la fin des Jeux paralympiques.

Le débat de mardi est survenu 21 mois après le début de l’invasion russe en Ukraine et six semaines après le début du conflit à Gaza entre Israël et le Hamas.

Les Jeux olympiques «sont un symbole de tolérance, de paix et de coopération entre des gens de diverses cultures et nations», a dit le vice-président de l’Assemblée générale de l’ONU, Mohan Pieris.

Bach a rappelé les propos tenus il y a deux mois par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui avait affirmé que le monde «devenait perturbé».

«Dans ce monde fragile, la motion concernant la trêve olympique est plus pertinente que jamais, a dit Bach. Oui, nous pouvons nous rassembler, même en temps de guerres et de crises.»

Quelques minutes plus tôt, Bach avait été la cible de Zabolotskaya, qui soutient que le CIO s’en prend aux athlètes russes, mais pas à ceux d’autres pays en guerre.

«Le double standard et la ségrégation basée sur la nationalité imposés par la direction du CIO sont des violations des droits de la personne», a-t-elle dit.

Bach a répété au cours de la dernière année que les athlètes russes et de son allié bélarusse ne devraient pas être discriminés en fonction de leur passeport.

La Russie est «en faveur de compétitions honnêtes et justes», a dit Zabolotskaya, qui a invité le monde aux Jeux de l’amitié que la Russie prévoit organiser l’an prochain en parallèle aux Olympiques.

Bach a répondu en disant que «cela signifierait que le sport deviendrait un élément de tension politique et de division dans notre monde».

Son discours de 13 minutes a pris fin quand il a demandé de «donner une chance à la paix», invoquant les paroles de la chanson «Imagine» de John Lennon.

Pour sa part, le représentant de l’Ukraine à l’ONU a demandé que tous les athlètes russes soient bannis des Jeux de Paris, rappelant que la Russie avait aussi enfreint la trêve olympique en 2008 et 2014.

Le représentant du Bélarus a expliqué avoir voté en faveur de la trêve comme symbole «d’espoir pour que le bon sens reprenne le dessus» dans les cercles olympiques.