Les balles de golf iront moins loin, ce qui ne fera pas le bonheur de tous

Le comité responsable de la réglementation dans l’univers du golf a modifié ses tests d’équipement afin de s’assurer que les balles aillent moins loin, peu importe le calibre du golfeur, allant de Tiger Woods jusqu’au golfeur du dimanche. 

L’USGA et la R&A ont annoncé cette décision mercredi, terminant ainsi un long processus d’analyse des distances qui s’est poursuivi pendant cinq ans et qui les a convaincus que les gains constants sur le tertre de départ — certains joueurs du circuit de la PGA ont gagné 30 verges sur leur coup de départ au cours des 25 dernières années — nuisaient au sport. 

«Il est virtuellement impossible de nier que le sport, pratiqué au plus haut niveau, franchit beaucoup plus de distance qu’il y a 20 ans», a déclaré Mike Whan, le président et directeur des opérations de l’USGA. 

Du côté de Golf Canada, on s’est contenté pour l’instant de publier le communiqué de l’USGA et de la R&A sur son site internet. 

Ce changement ne sera adopté qu’en 2028 pour les principaux circuits professionnels de la planète, et en 2030 pour les golfeurs récréatifs. 

La proposition initiale déposée en mars s’intitulait «Model Local Rule» et tentait uniquement de limiter la distance parcourue par la balle dans les circuits professionnels, ce qui aurait créé deux barèmes de règlements pour la première fois de l’histoire. Le circuit de la PGA et PGA of America y étaient fortement opposés. 

L’USGA et la R&A ont plutôt modifié le test qui mesure la distance parcourue par la balle, évitant ainsi de toucher à la limite «Overall Distance Standard» de 317 verges, avec une marge d’erreur de trois verges. 

Le nouveau test stipule que l’élan avec le bâton doit être effectué à 125 mph, soit l’équivalent de 183 mph en vitesse de balle (en hausse par rapport à la vitesse de l’élan préalable de 120 mph et à la vitesse de balle de 176 mph); avec une vitesse de rotation de balle de 2200 rpm (en baisse par rapport à 2520 rpm) et un angle de contact de 11 degrés (il était auparavant de 10 degrés). 

Pour les gros cogneurs, ils pourraient perdre jusqu’à 15 verges sur leur coup de départ — ce sera plutôt 11 verges pour le golfeur professionnel moyen, 7 verges pour la golfeuse professionnelle et 5 verges ou moins pour tous les autres golfeurs. 

Keegan Bradley doute de ces prévisions. Il a indiqué que le manufacturier d’équipement de golf Srixon lui a produit une balle de golf qui répond aux nouveaux critères, et celle-ci perdait entre 40 et 50 verges de distance.  

«Je crois que l’USGA… elle ne fait que réagir, a confié Bradley la semaine dernière au Défin mondial Hero aux Bahamas. Elle ne tente pas de trouver des solutions. Elle se dit seulement qu’elle va avoir un impact auprès de 100 % de la population qui pratique le golf. Pour un golfeur amateur, ça sera catastrophique. Je ne crois pas qu’il y ait quelque chose de plus stupide que ça.»

Le circuit de la PGA comptait 98 golfeurs affichant une moyenne de 300 verges par coup de départ, et l’Irlandais du Nord Rory McIlroy était le plus puissant à 326,3 verges. 

McIlroy s’est exprimé sur les réseaux sociaux la semaine dernière lorsque ‘Golf Digest’ a rapporté en premier l’adoption du nouveau test. 

«Ça ne fera aucune différence pour le golfeur moyen, mais en revanche ça permettra au golf de redevenir une activité pérenne, a évoqué McIlroy. Ça forcera aussi les golfeurs professionnels à s’attarder sur certaines habiletés du golf qui avaient été délaissées depuis deux décennies.»

Pour sa part, Woods a mentionné la semaine dernière aux Bahamas qu’il est en faveur de l’adoption de deux livres de règlements — un peu comme le baseball l’a fait avec le bâton en aluminium et celui de bois. Cet exemple, cependant, laisse croire qu’il faudrait plutôt s’attaquer au bois de départ. 

Le bois de départ était dans la mire de l’USGA et de la R&A il y a un an, jusqu’à ce qu’on s’attarde plutôt à la balle de golf. La seule modification apportée au test réservé aux bois de départ fut d’inclure le temps passé par la balle en contact avec la face du bâton, ce qu’on appelle la «caractéristique de temps». Plusieurs se préoccupent du fait que plus on utilise la face du bois de départ, plus elle s’amincit et renforce l’effet de trampoline avec la balle. 

De plus, les plus grands progrès ont été réalisés au niveau de la balle de golf — il suffit d’analyser la distance parcourue par celle-ci depuis 40 ans, une crainte qui est amplifiée chez les différentes fédérations à travers la planète par le fait que les golfeurs soient de plus en plus forts et qu’ils aient développé de meilleures techniques.