LPHF: Ann-Sophie Bettez apportera une grande dose d’expérience à l’équipe de Montréal

MONTRÉAL — Ann-Sophie Bettez a l’impression de faire partie de l’histoire de son sport alors que la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) n’est plus qu’à quelques heures du lancement de sa saison inaugurale.

Mais si la ligue avait été créée un an plus tard, rien ne garantit que l’attaquante montréalaise de 36 ans serait là pour en faire l’expérience, du moins dans le rôle de joueuse.

«Au cours des dernières années, je me suis demandée si je devais arrêter ou continuer à jouer» a déclaré Bettez. «C’est une question qui m’a préoccupée.

«Cette année, je me suis dit ‘OK, je vais faire une année de plus’. Alors chaque année, je me dis ‘OK, une année de plus, une année de plus’, et là, je ne sais pas quand arrivera la dernière.»

La LPHF à six équipes — une nouvelle ligue féminine qui bénéficie d’investisseurs aux poches bien garnies et d’une convention collective de huit ans — amorcera ses activités lundi après-midi lorsque Toronto accueillera New York dans un Mattamy Athletic Centre à guichets fermés.

Le premier match de l’équipe de Montréal aura lieu mardi soir à la Place TD d’Ottawa devant ce qui pourrait être une foule record pour le hockey professionnel féminin, avec plus de 7800 billets vendus.

Devant tant de réactions positives de la part du public, Bettez est ravie de ne pas avoir accroché ses patins.

«C’est une opportunité inouïe», a déclaré la Québécoise.

«C’est comme si nous entrions dans l’histoire dès maintenant, car, souhaitons-le, cette nouvelle ligue sera celle de la prochaine génération et elle s’étendra ensuite à de nouvelles équipes et à d’autres villes afin que davantage de filles puissent jouer.»

Un rôle de leader

L’attaquante de cinq pieds quatre pouces et 132 livres, originaire de Sept-Îles, a vu les ligues se succéder au cours de sa longue carrière.

Elle a évolué avec l’Université McGill avant de devenir une joueuse vedette de la Ligue canadienne de hockey féminin avec les Stars et les Canadiennes de Montréal de 2012 à 2019, lorsque la ligue a cessé ses activités.

Par la suite, elle a participé à des matchs de l’Association des joueuses de hockey professionnel et a passé la dernière saison comme capitaine de la Force de Montréal de la Premier Hockey Federation, qui a mis fin à ses activités en juin après que la LPHF a acheté la ligue.

Voilà que Bettez va sauter sur la glace pour une autre équipe montréalaise, à titre d’aînée de l’effectif de ce club qui n’a toujours pas de surnom officiel.

Même si elle ne portera pas de lettre sur son maillot, cette travailleuse infatigable et meneuse de jeu talentueuse a été nommée membre du groupe de leadership de l’équipe vendredi.

Elle compte bien montrer l’exemple avec son désir incessant de s’améliorer, même à son âge. Une mentalité qui a porté ses fruits lorsque celle qui estime avoir éclos tardivement a obtenu sa première chance avec l’équipe nationale du Canada à l’âge de 31 ans.

«Quelqu’un m’a demandé : ‘Qu’est-ce que tu dois améliorer ? En fait, tous les aspects’», a relaté Bettez.

«Si vous vous sentez à l’aise à une position et que vous pensez que vous êtes la meilleure ou que vous ne pouvez pas vous améliorer, je pense que vous vous trompez.

«Je m’efforce toujours de m’améliorer chaque jour.»

Selon Bettez, maintenir la cadence avec les plus jeunes joueuses au fil des ans se rapproche sensiblement de ce qu’elle fait dans sa seconde carrière, celle de planificatrice financière.

«Tout le monde s’améliore, il faut donc être capable de continuer, et j’ai l’impression que c’est un peu comme l’inflation», a-t-elle comparé.

«Chaque année, le coût de la vie augmente, et votre salaire de subsistance doit suivre ou s’adapter, sinon vous traînez de la patte.

«Je pense que j’ai réussi à le faire et c’est l’une des raisons pour lesquelles je suis toujours ici, à 36 ans.»

Bettez, qui a été sélectionnée en 14e ronde lors du tout premier repêchage de la LPHF, espère aider les autres joueuses à se sentir chez elles, à Montréal, où elle se sent le plus à l’aise.

«C’est très important pour moi de pouvoir aider les plus jeunes, surtout celles qui ne sont pas de Montréal», note-t-elle.

«Il s’agit simplement du niveau de maturité qu’une personne plus âgée ou plus expérimentée peut apporter. Je pense que je suis ce type de personne qui veut que tout le monde soit le bienvenu.»