Venir à bout de l’Île de la Réunion aux pas de course 

EXPLOIT. Habitués à affronter les montagnes du Québec et de la côte est des États-Unis, Jessica Alarie et Mathieu Bélanger peuvent désormais se vanter d’avoir franchi le fil d’arrivée du Grand raid de l’Île de la Réunion. Les deux Granbyens de 38 et 44 ans viennent de réussir l’impensable. Courir et marcher en montagnes sur une distance de 165 km en 57 heures. Un ultra-trail éreintant pour le corps et le mental, mais ô combien satisfaisant pour ce couple amoureux de randonnées pédestres.

Connu sous le nom de la Diagonale des fous, l’ultra-trail présenté sur l’île française sise en plein coeur de l’océan Indien n’a rien d’une partie de plaisir. Parcourir un trajet en montagne parsemé de sentiers escarpés, de ravins et d’obstacles de toutes sortes en 66 heures. Un intense périple aux pas de course et à la marche tapissé de petites siestes (15-20 minutes) et de minimes ravitaillements. L’objectif du couple: finir la périlleuse randonnée en un seul morceau dans un délai raisonnable (entre 40 et 60 heures).

Malgré les hauts et les bas vécus durant leur traversée en montagne, Jessica Alarie et Mathieu Bélanger réussissent à apprivoiser l’Île de la Réunion. Partis le 20 octobre dernier aux environs de 21h, les deux athlètes complètent leur parcours trois jours plus tard au petit matin vers 6h20. Un 23 octobre mémorable, avouent-ils en entrevue avec le GranbyExpress.

«C’est une course où l’on retrouve de tout sur le trajet. Du roulant, de l’asphalte, du très technique, de la boue et de la poussière. Certains la considèrent comme l’une des plus difficiles en raison des écarts de température. La nuit, ça tourne autour de 4 degrés et le jour, ça peut monter jusqu’à 40 degrés», explique Mathieu Bélanger.

Cet ultra-trail de contrastes comme le couple se plaît à le dire leur en a fait vivre des émotions et des épisodes en tout genre. De l’envie à tout vouloir abandonner en passant par les hallucinations, la fatigue extrême, la pluie forte, les batteries de la lampe frontale qui tombent à plat, les blessures aux pieds et le reste. 

«Cette course, c’est 2756 participants et de me retrouver parmi les 331 femmes, ça m’a marqué. Je me sentais minuscule dans cette meute d’hommes», confie Jessica Alarie. Déterminée à réussir, la trentenaire ne s’en est pas laissée imposer par ses rivaux masculins. «Un homme m’a même crié….«il n’y a pas le feu au lac». Mais moi, je voulais avancer. On était tellement une minorité, les femmes, à travers cette course. J’en retire une grande fierté.»

L’après-course

Malgré qu’ils aient amorcé leur randonnée dans deux vagues distinctes de départ, Jessica Alarie et Mathieu Bélanger se retrouvent au 40e km. Dès ce moment, le duo décide de conclure leur expédition extrême ensemble. Des retrouvaille qu’ils savourent en se permettant de terminer la Diagonale des fous main dans la main. Au final, elle aura mis 57 h et 23 minutes pour franchir la distance de 165 km alors que son complice complètera son excursion en 57 h et 3 minutes. 

«Quand tu arrives à la fin, c’est un mélange de grande fierté, de libération et d’accomplissement. J’ai fondu en larmes (…)», admet Jessica Alarie. Pour Mathieu, l’appréhension des effets du manque de sommeil a été sa plus grande crainte à l’issue de la course. «J’avais peur d’arriver comme un zombie, mais j’étais en pleine forme avec tous mes moyens. Juste un peu de fatigue.»

De retour à Granby depuis quelques jours, le couple pense déjà à leurs prochains défis sportifs: le Québec Méga Trail (110 km) au Mont-Sainte-Anne en juillet prochain et l’Ultra-Trail des Chics-Chocs (113 km) en août 2023. Un séjour en Italie en vue de participer au Tor des Géants (un défi de 330 km) fait aussi partie des rêves de nos Granbyens. «C’est dans notre ligne de mire», conclut Mathieu Bélanger.