Nouvel entraîneur-chef: les Alouettes n’ont pas de marge d’erreur

MONTRÉAL — Danny Maciocia devra choisir le bon candidat pour occuper le poste d’entraîneur-chef des Alouettes de Montréal. Sinon, le meilleur receveur de la Ligue canadienne et l’un de ses très bons quarts-arrière pourraient bien aller voir ailleurs en 2023.

Eugene Lewis et Trevor Harris ont été très clairs: ils veulent connaître l’identité du nouveau patron avant de s’engager de nouveau avec l’équipe, eux qui deviendront joueurs autonomes au cours de l’hiver.

Lewis, finaliste au titre de joueur par excellence dans le circuit Ambrosie, va même plus loin: il veut être impliqué dans cette décision. Toutes les décisions en fait.

«Je sens qu’à ce point-ci de ma carrière, je veux être impliqué dans les grandes décisions de l’équipe. Je veux savoir qui sera l’entraîneur-chef, qui sera l’entraîneur des receveurs, le directeur général et je veux le savoir avant de prendre une décision, a-t-il laissé tomber. Auparavant, les choses arrivaient et je m’adaptais. Maintenant, je veux avoir mon mot à dire, même lors de transactions, que ce soient les échanges ou encore les joueurs qui seront libérés. Je veux être impliqué. 

«J’ai vu beaucoup de choses depuis que je suis ici et je sais ce que ça prend pour avoir une équipe stable, au sein de laquelle les gens sont heureux et ont de bonnes relations avec les entraîneurs et vice-versa, a-t-il poursuivi. J’ai tout vu et je sais ce que ça prend. J’espère avoir l’occasion de le faire ici.»

Harris, qui a prouvé en deuxième moitié de saison qu’il appartient toujours, à 36 ans, à l’élite de la ligue, a abondé dans le même sens.

«Bien sûr que ça influencera ma décision. Quand vous êtes un quart, vous ressentez quelle est la limite que vos performances peuvent atteindre. Pour moi, ce plafond est déterminé par le point jusqu’où peut s’élever les performances de mes receveurs et de mes demis. je ne suis pas un maniaque de statistiques, mais je veux qu’ils atteignent certains plateaux. Je me fixe des objectifs pour eux. Je veux qu’ils élèvent leur niveau de jeu, mais je veux aussi qu’ils se sentent bien par rapport à leurs performances.

«Pour accomplir cela, vous devez avoir le bon entraîneur-chef et le bon coordonnateur. J’ai confiance que Danny saura mettre les bonnes personnes en place. Je ne sais pas encore si je serai de retour, mais nous le saurons très bientôt.»

Ces deux départs créeraient d’immenses brèches dans la formation des Alouettes, qui semble enfin avoir mis fin au sempiternel carrousel des quarts depuis le départ d’Anthony Calvillo avec Harris, qui a récolté 4157 verges par la passe cette saison, l’une de ses meilleures récoltes en carrière et qui lui a conféré le troisième rang dans la LCF cette saison.

«Je me vois absolument comme l’un des trois meilleurs quarts de cette ligue», a d’ailleurs indiqué Harris, qui estime avoir encore quelques bonnes saisons dans le corps.

Ingrédient manquant: la stabilité

Si Harris estime que l’équipe disposait des éléments nécessaires — en attaque du moins — plusieurs ont identifié le manque de stabilité comme le principal ingrédient manquant aux Alouettes.

«C’est la stabilité, a dit sans détour Lewis. Je suis à Montréal depuis longtemps. J’ai eu quelques entraîneurs, quelques d.g., même quelques propriétaires, sans compter quelques quarts. Je suis presque immunisé à cela maintenant et j’ai été capable de jouer à un haut niveau malgré tout ce qui se passait autour de l’équipe. La stabilité peut se trouver n’importe où: il faut juste que les plans soient bien préparés.»

«Il ne manquait pas grand-chose, mais nous l’avons dit, Trevor, Geno et moi: si nous ne gagnons pas avec cette équipe, ce sera notre faute, a pour sa part indiqué le plaqueur Almondo Sewell. Mais on blaguait aussi entre nous que (le réseau ESPN) pourrait faire un reportage sur tous les changements survenus au sein de cette équipe cette saison. C’était fou. Ça en dit long sur les membres de cette équipe: si c’était arrivé n’importe où ailleurs, l’équipe aurait terminé avec une fiche de 2-16. Ici, nous sommes partis de 2-6 pour terminer à 9-9.»

Pour le demi William Stanback, ce n’est pas tant ce qui manquait aux Alouettes que ce que l’équipe n’a pas été en mesure de faire qui explique son exclusion.

«C’est notre manque d’exécution (contre Toronto). Nous n’avions pas de rythme en début de match. Ça nous a fait mal, car on a laissé Toronto prendre l’ascendant au lieu que nous le fassions, comme nous avons été en mesure de le faire la semaine passée contre Hamilton. C’est de ce côté que nous avons erré. Nous savions que ça allait être une dure bataille; ne restait plus qu’à découvrir qui allait marquer le plus de points. Nous sommes l’équipe qui n’a pas été capable d’arrêter l’autre finalement.»

Le manque de constance de la défense a d’ailleurs fait surface au cours de ce bilan. Si parfois elle avait beaucoup de mordant — comme face aux Tiger-Cats il y a une semaine, alors qu’elle a réussi six sacs —, la défense de Noel Thorpe s’est souvent retrouvée à plat. Comme face aux Argos, alors qu’on peut compter sur les doigts d’une main le nombre de fois où le quart McLeod Bethel-Thompson a été pressé, lui qui n’a jamais été rejoint derrière sa ligne. La défense des Alouettes n’a d’ailleurs pas réussi de revirement face aux Argonauts.

«C’est ce qui arrive quand vous employez une défense qui cherche à appliquer de la pression à tout moment: quand l’attaque est en mesure de vous contrer, ça ouvre beaucoup d’espace pour qu’elle puisse réussir ses jeux, a expliqué Sewell. Souvent, nous n’avons que 1,5 seconde avant que le ballon ne quitte la main du quart adverse, si vous ne le rejoignez pas, vos trous en couverture et vos erreurs paraissent pires qu’ils ne le sont. On ne peut pas s’en servir comme excuse, mais c’est ce qui arrive quand vous utilisez une défense comme la nôtre.»

Le secondeur Adarius Pickett a toutefois laissé entendre que les choix de schémas défensifs étaient peut-être relayés trop tard aux joueurs dans ce match.

«J’ai trouvé que parfois, nous n’étions pas en bonne position et que les jeux arrivaient un peu sur le tard. Nous n’étions pas capables d’identifier les formations (des Argos) comme nous le faisions habituellement.»

Le maraudeur Marc-Antoine Dequoy n’était toutefois pas de cet avis.

«C’est la façon de procéder depuis que Noel est en poste, a-t-il fait valoir. C’est sûr qu’en tant que défense, tu aimes mieux avoir les jeux plus d’avance. Mais il aime voir les formations adverses. On a fait ça toute l’année. Ce n’est pas un élément important dans cette défaite-là.»