SEHY: plus de 8000 $ pour les «lock-outées»

LITIGE. Les deux secrétaires mises en lock-out par leur employeur, le Syndicat de l’enseignement de la Haute-Yamaska (SEHY), font l’objet d’un vaste élan de générosité; plus de 8000 $ ont jusqu’ici été amassés en province pour les aider à traverser financièrement le litige en cours.

Les employées, en arrêt de travail forcé depuis le 4 juin dernier, sont représentées par le Syndicat des employées et employés de syndicats et organismes collectifs du Québec (SEESOCQ). S’il est commun que soit lancé un appel à l’aide aux autres instances syndicales dans de telles circonstances, le contexte estival a poussé le SEESOCQ à faire les choses autrement.

«Quand on vu qu’on n’allait peut-être pas avoir les fonds pour venir à bout de la saison estivale, on s’est dit qu’on ferait une campagne de sociofinancement […]», explique Eugénie Paradis-Charette, vice-présidente aux communications et au secrétariat de l’instance.

Une telle initiative a donc été lancée pour la toute première fois dans l’histoire de l’organisation;  elle a jusqu’ici permis de recueillir près de 6000 $ en provenance des autres syndicats du Québec et de citoyens. La balance des dons a quant à elle été directement acheminée par la poste.

«On n’est pas un énorme syndicat ni une centrale syndicale. On est indépendants et on n’a pas un gros fonds. C’est très rare qu’on a des grèves ou des lock-out, on est tous des employés de syndicats alors d’habitude, on finit par s’entendre», ajoute Mme Paradis-Charrette.

Grâce à la campagne et à la générosité des donateurs, les deux employées reçoivent actuellement 75 % de leur salaire, ce qui leur permet de tenir le coup à l’abri des tracas financiers. Le tout contribue évidemment à atténuer leur inquiétude, explique la vice-présidente aux communications et au secrétariat: «Elles voient la solidarité déployée partout à travers le Québec et les gens qui les soutiennent. Il y a même des syndicats employeurs qui aident, comme quoi ça n’a pas de bon sens un lock-out dans un syndicat. C’est aberrant».

On mentionne, sur la page Go Fund Me intitulée Lock-out au SEHY», que toute somme non utilisée à la fin du conflit de travail sera versée à l’organisme de défense des droits Au bas de l’échelle.

Une «vengeance»

Pour le SEESOCQ, l’actuel lock-out constitue ni plus ni moins une «vengeance» du syndicat employeur faisant suite à un grief déposé relativement au «congédiement» de deux conseillères, en 2016. Selon Mme Paradis-Charrette, son organisation est prête, afin de régler le conflit,  à retourner à la table des négociations qu’a quittée le SEHY.

«De notre point de vue, ce n’était pas terminé, mais eux, ils ont décidé que ça finissait là, qu’il décrétait un lock-out. C’est de la négociation de mauvaise foi et on a déposé une plainte au Tribunal administratif du travail(TAT) à la mi-juin», souligne-t-elle. L’affaire devrait d’ailleurs être entendue en octobre prochain.

Pas de gaieté de cœur

Le président du SEHY, Éric Bédard, n’en démord pas: non seulement les deux conseillères en question n’ont pas, selon lui, été remerciées en 2016, mais le SEESOCQ fait également fausse route lorsqu’il parle de vengeance. «De la vengeance, on n’a rien à faire de ça. Ce que l’on veut, c’est regarder vers l’avenir. Pour l’instant, je tiens à le préciser, je l’ai dit par le passé et je le répète, nos employées sont des perles et on n’a rien à leur reprocher», fait-il valoir.

Selon lui, l’actuel lock-out est loin d’avoir été décrété de gaieté de cœur; à son avis, il était toutefois  impossible de demeurer les bras croisés, le nœud du problème étant la convention collective. «Son contenu nous met des entraves pour gérer nos employés quand le travail ne se fait pas correctement», plaide M. Bédard.
Ce dernier admet que les  positions des deux parties sont à mille lieues l’une de l’autre; il espère néanmoins parvenir à dénouer l’impasse.  Éric Bédard, qui défend d’ailleurs que le SEHY est un employeur de choix, compte proposer de nouvelles dates de rencontre à la partie syndicale afin de reprendre le dialogue.